Les USVI, un pitstop aux States
13.10.21DU 6 DÉCEMBRE AU 6 JANVIER 2021
La décision de nous rediriger vers le nord, vers la Floride comme destination finale avait été prise un peu à contre coeur pour boucler notre voyage de 2 ans, affecté par la COVID-19. Par contre, l'idée de voir les USVI et les Bahamas nous excitait. Nous appréhendions le passage de Bonaire vers les USVI. Nous savions qu'on se batterait un peu vers contre les alizés. Le temps filait à Bonaire, nous en profitions mais j'insistais (captain speaking here) pour que nous choisissions une fenêtre avant que les "Christmas winds" arrivent. À chaque année, vers la fin décembre, les alizés se renforcent dans la mer des Caraibes avant de s'affaiblir pour devenir plus réguliers. Le défaut de notre catamaran est qu'il ne remonte pas très bien au vent. Angle sur le vent apparent max (AWA) de 55 degrés.
Cette fenêtre, notre fenêtre est arrivée le 6 décembre 2020 avec un vent plutôt faible vers la fin du passage au nord, estimation de la durée : 3 jours. On se détache du mooring et on dit nos adieux aux copains qui restent sur place : Zoma, Temanua, Happy Days, etc..
Dès la première journée, on rafle notre plus grosse prise, on rempli les frigos et le freezer de chair blanche délicieuse. Un énorme Wahoo (tazard blanc en français), un record ! L'excitation à bord est à son comble.
Notre record à date, un magnifique Wahoo de 40 lbs |
On appui toutefois aux moteurs, un à la fois, pour conserver notre cap mais surtout pour contrer l'effet de dérive qui nous pousse vers la République Dominicaine. Nous avions choisi St-John comme ile d'arrivée car nous nous nous étions fait raconter par d'autres marins que les tests PCR y étaient dispensés gratuitement, même pour les touristes, chaque mercredi. À 150 $/pers. sur les autres iles, il s'agissait d'une occasion à ne pas rater !
La traversée s'est bien déroulée. On s'est laissé bercer par une houle agréable, selon nos attentes. Point d'atterrissage : Cruz Bay, le 9 décembre. On se prend une bouée à Lind point, tout près de Honeymoon beach. Dès le lendemain, les retrouvailles sont programmés avec des gens qui arrivent du nord. Nos bons amis du voilier Zaya. L'équipage nous rejoint et on retrouve enfin une famille québécoise sur l'eau. Il s'agit d'Isabelle, Guyaume, Sarah-Jeanne et Charles. Ils arrivent du nord et nous du sud, signe que notre périple se diriger vers la fin. Comme si on allait à sens inverse des oiseaux migrateurs. Quelle joie de retrouver certains repères culturels québécois !! J'avais connu Isabelle lors de nos étés dans les camps des cadets de la marine à St-Angèle de Laval, sur le fleuve, là nous avons passé plusieurs étés à apprendre et enseigner la voile ensemble.
On convient de caboter d'une baie à l'autre dans le parc national de St-John ensemble afin d'y explorer ses vestiges et profiter des paysages. Dans la plupart des baies du parc qui suit la berge d'une partie de l'ile, il y a des boules de moorings installées et sécurisées. Le tarif est de 26 $US par nuit mais sur une base volontaire en misant sur la bonne foi des plaisanciers. Aucun contrôle ne se fait par les autorités. Il faut payer dans une petite boite et conserver le ticket de preuve.
Après 3 nuits sur St-Francis Bay, une très grande baie avec une plage de sable blond, nous bougeons ensemble vers Watermelon Bay ou nous effectuons une petite rando pour visiter un ancien moulin à sucre dans les hauteurs et bénéficier de la vue sur les iles qui nous entourent. Nous sommes à quelques jets de pierres des BVIs mais attention, ne pas outrepasser la ligne imaginaire de la frontière sur l'eau. Les bruits courent qu'un plaisancier sans autorisation pour entrer en ce temps de COVID s'est vu confisquer son embarcation et a du payer 25 000 $ pour le récupérer...
On voit bien la ligne qui sépare les USVI des BVI ici, tout près de St-John. |
Watermelon Bay. |
De retour vers Zaya et L'Alchimiste |
Une vue des 2 équipages ! |
Une union éphèmère des deux bateaux. |
Après avoir fait un arrêt dans Coral Bay pour un petit approvisionnement, nous poursuivons notre route vers Little Lameshure Bay. De belles pistes s'offrent à nous. Le caractère montagneux et sauvage de l'ile de St-John est attrayant mais jusqu'à maintenant, nous sommes déçus. Déçus des fonds marins. Les coraux se meurent, parsemés ici et là, blanchis ou détruits par un mal que nous n'arrivons pas à bien cibler. Serait-ce la faute des touristes ? L'ile a d'ailleurs banni l'usage des crèmes solaires contenant ces ingrédients chimiques:
- Oxybenzone
- Octinoxate
- Octocrylene
- Homosalate
- 4-methylbenzylidene camphor
- PABA
- Triclosan
Il a été prouvé que ceux-ci sont toxiques pour les récifs de corail. On entend également dire que les derniers ouragans qui ont secoué la région ont balayé les fonds marins, détruisant sur leur passage des écosystèmes sous-marins. Tout un contraste avec ce que nous venions de voir dans les ABC, les mois précédents. Triste. Nous profitons tout de même des forêts luxuriantes avoisinantes pour se dégourdir les jambes.
De vielles mécaniques qui faisaient rouler les moulins à sucre de l'ile, jadis. |
La vue du haut de St-John. On y aperçoit bien les BVIs, tout près. |
C'est à Little Lameshure qui nous arrive une badluck avant de poursuivre notre chemin. Nous réalisons, à l'aube, que l'Optimist des enfants n'est plus attaché à la poupe du bateau. Panique générale ! Un vol, le noeud qui s'est détaché seul ? L'amertume nous remplie. Nous lançons des appels aux plaisanciers du secteur par la VHF, nous contactons les Park Rangers. Il ne peut pas s'être sauvé loin, nous l'avions hier soir. Nous faisons nos calculs et retenons l'hypothèse que le noeud qui le retenait à l'Alchimiste s'est détachée par lui-même. Notre Optimiste nous a quitté mais nous tentons une dernière tentative. Selon nos calculs, il ne peut pas avoir dérivé à plus de 10 milles vers l'ouest, la houle et le vent venant de l'Est. Nous partons donc pour un sauvetage en mer improbable, en vain...
Le long de la rando, plusieurs carcassent jonchent les routes. |
On se dirige ensuite sur Salt Pond lake, un incontournable. Il n'y a que 5 places au mooring et la baie est convoitée par les daysails charters et autres plaisanciers. On arrive à se trouver 2 spots. On s'aligne une randonnée spectaculaire qui mène sur une presqu'ile en hauteur: la Ram Head Trail. Nous y restons du 16 au 19 décembre.
Photo de famille à Salt Pond Lake. |
Pebble beach, le long de la Ram Head Trail |
Les hauteurs de Ram Head Trail |
Regard vers les BVI, en bonne compagnie |
Les fruits du cactus, sucré et exotique, c'est la saison |
Théo, content d'être sur la plage pour le temps des fêtes. |
Naomi, qui veille bien sur notre 2e véhicule. |
Les pélicans sont très fréquents et pas trop gênés dans le coin. |
On continue notre tournée autour de l'ile avec un arrêt d'une nuit, à l'ancre sur Rendez-vous Bay. Bien protégé, ça ne roule pas trop. L'idée est de repasser par Cruz Bay pour se réapprovisionner et rejoindre Magens Bay par la suite. La plage est reconnue comme l'une des plus belles au monde par nombreux magazines et site de renom comme TripAdivsor, à couper le souffle.
Nous sommes toujours en compagnie de nos copains Zaya mais un autre équipage québécois nous rejoint également ! Les Total Freedom qui malheureusement ont été victime d'une maladie désagréable ce soir-là, après notre 5 à 7 de rencontre à Cruz Bay. Ils ont mangé un spanish mackerel qu'ils avaient attrappé lors de leur passage vers les USVI. Les enfants en souffriront mais Stéphanie semble en être particulièrement atteinte. Ça se replacera dans les semaines qui suivent mais elle restera avec quelques séquelles pendant quelques temps. Ils nous rejoignent tout de même à Magens Bay.
On se prépare pour le réveillon. On passera Noel ici avec une douzaine de catamarans et de méga-yatchs venus jeter l'ancre en attendant le Père Noel.
À la conquête du monde, il faudra bien finir cette partie un jour !! |
Les casseroles se font aller. |
Un repas bien traditionnel svp ! |
Les cadeaux home made sont prêts. |
Nos meilleurs souhaits de Magens Bay |
À defaut d'avoir de la neige |
Les équipages junior de l'Alchimiste, Zaya et Total Freedom réunis. |
Les équipages senior ! |
Le 24 décembre, on s'offre un réveillon à la québécoise. Une belle soirée bien arrosée dans le cadre majestueux de Magens' Bay. Le lendemain matin ? Rien de moins qu'une visite de dauphins au mouillage pour nous souhaiter les meilleurs voeux ainsi qu'un père Noel chevauchant jetski au son du carillon et des rires exclamés à travers sa barbe.
Un journée de nav pour retourner vers St-Thomas |
Prochaine étape: Charlotte Amalie le 26 décembre. Zaya quitte vers la Guadeloupe, nous irons nous mouiller à Christmas Cove, un sympathique mouillage ou un voilier fait office de pizzeria flottante. La baie de Charlotte-Amalie impressionne pour la protection qu'elle offre presqu'à 360 degrés. Mais ce sont ses mégayatchs et les contrastes de richesse qui médusent.
Signe que nous revenons également en sol américain, nous en profitons pour aller dans des pubs et jouer au bowling. On ne se rappelait pas la dernière fois que ça nous était arrivé après un an dans les Caraibes. Mini-choc culturel.
Distanciation sociale sur les lignes de quilles. |
Même les taxis et transporteurs collectifs sont plutot rares pour revenir au bateau, surtout chargés comme des mulets ! |
Refaire l'approvisionnement en vivre est une autre des raisons pour laquelle nous restons "stallés" quelques jours à Charlotte Amalie. Notre prochaine destination étant les Bahamas, nous avons avantage à remplir les cales au maximum à nouveau. Le cout, la variété et la disponibilité des aliments sont très limités aux Bahamas. On se dit que c'est le temps. Par contre, le seul supermarché à pied de la marina est le Pueblo. Bon, ça fait l'affaire mais plutot sale et prix moyens. Nous décidons donc de nous rendre à pied au Cost U Less. Erreur. Les chemins et les courbes montagneuses escarpés sont dangereuses pour une petite famille de 5 qui veut marcher. À éviter ou prendre un taxi.
Ensuite, comme toujours, c'est la partie de Tetris qui commence. Et surtout bien planifier la disposition des articles pour savoir ou ils se trouvent le temps venu.
Nous aurons finalement passé notre jour de l'an de l'an avec des rafales à plus de 30 noeuds et des feux d'artifices. On profite de ces quelques jours de repos pour faire l'entretien des moteurs et de la génératrice. On termine nos derniers préparatifs pour notre passage vers les Bahamas, la dernière étape sous le soleil des tropiques, mais non la moindre. Nos attentes sont très élevées, nous avons entendus, lus et vus tellement d'images et de récits. Ce sera un coup de foudre assuré. À suivre.
Les couchers de soleil en haut des 99 steps |
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