Nassau, Eleuthera et les Abacos. Une progression vers le nord.

5.1.22

Emma avec son trophée, à Highbourne Cay

NASSAU : 21 mars au 1er avril 

Nous ne pouvions quitter les Exumas sans notre trophée de langouste. Emma et moi avions travaillé tellement fort pour en dénicher une mais la chance n'était pas de notre côté. Nous avions l'impression que le garde-manger avait été vidé. Nous étions en fin de saison. Il ne restait qu'une journée à la saison de chasse aux langoustes. À défaut, des amendes de 5000 $ étaient distribués aux détracteurs passé cette date. Donc, comme si Neptune avait pitié de nous, on a réussi à dénicher ce gros mâle, côté mer de Highbourne Cay. Avec ce cadeau venu de la mer, nous étions donc prêts à quitter les Exumas vers les Abacos. Mais avant, nous devions faire un petit détour par Nassau. Une destination qui ne nous attirait pas tant par les lectures que nous avions effectuées. 
Naomi devant Paradise Island et son fameux hotel Atlantis
Il s'agissait plutôt d'un arrêt technique. On vous avait dit que nos lectures de profondeur avait cessé de fonctionner plus tôt dans les Bahamas ? Pas idéal lorsqu'on sait que nous sommes souvent à quelques centimètres du fond ou d'une patate de corail, considérant les marées qui viennent altérer les lectures des cartes marines. Les cartes et le GPS, ainsi que nos yeux devenaient nos principaux outils pour ne pas toucher le fond. 

Une fois arrivé, on se dirige tout de suite vers le mouillage à l'est du pont séparant l'ile principale et Paradise Island, cette dernière étant fermée pour cause COVID lors de notre passage. En arrivant, on rejoint David Guitard, un électricien marin québécois connu dans le coin. Il travaillait pour la base de Navtour et autres opérateurs jusqu'à tout récemment. On le recommande vivement: Whatsapp: +1 (242) 437-8041. Il découvre rapidement que c'est le profondimètre lui-même qui est défectueux. Le même qu'on avait changé il y a un an en Sicile. La garantie de 2 ans allait donc s'appliquer. Il me met en lien avec Lorenzo, distributeur Raymarine aux Bahamas. Ce dernier, super pro, me dit qu'il s'en occupe. Il fera venir la pièce depuis la Floride, sous garantie. Le seul hic, c'est qu'il est situé aux Abacos. Nous arrêterons donc le voir sur notre remontée d'ici 2 semaines. 

Notre spot de quelques jours, à l'ouest du pont cette fois. Assez tranquille et moins souffrant à cause du  courant qui s'inverse au gré des marées. 

On profite de ces quelques jours pour déambuler dans les rues de Nassau et pour faire les courses. Malheureusement, nos attentes étaient similaires à ce que nous voyons autour de nous. Un centre-ville désert, morose avec plusieurs bâtiments en décrépitude. La pauvreté, les itinérants et les casinos sont fréquents. On voit bien qu'il y a une fracture entre Paradise Island et le centre-ville, à défaut d'avoir explorer le reste de l'ile. 
En face d'un resort sur un mouillage plutot tranquille à l'ouest du pont. 
En route vers le mouillage à l'est du pont

Sincèrement désagréable le mouillage à l'est, près de Solomon Fresh Market. Les proprios de la marina de l'extrémité nous accueille même en criant pour nous dire de nous éloigner un peu. Et ils nous interdisent formellement d'utiliser ses pontons pour laisser notre dinghy attaché afin d'aller faire les courses. 

Retrouver un vrai pub irlandais fait partie des highlights de ce bref arrêt. Le Shenanigans offre de la bonne bière Irish Ale et de la Guiness on tap ! Leur burgers sont également excellents ! L'ambiance y était moins, considérant que la partie intérieure était fermée. 

On voit que non loin du terminal aux navires de croisière, plusieurs bâtiments ont été rénovés ou conçus pour divertir les masses de touristes qui y débarquent pour quelques heures. N'étant plus au rendez-vous depuis près de 2 ans, la scène devient déprimante. 

Le straw market

Queen's stairs

Quand même, quelques éléments de l'architecture, du patrimoine et de l'histoire des lieux peuvent interesser le randonneur. Les Queens' stairs font partie de ceux-là. Il s'agit d'un escalier composé de 66 marches qui ont été sculptées dans le calcaire par 600 esclaves entre 1793 et 1794 pour permettre une issue de secours aux troupes postées dans le Fort Fincastle, juste au-dessus. Aujourd'hui, on y trouve une végétation tropicale, une petit cascade d'eau et plusieurs coureurs du dimanche qui viennent s'y entrainer. Pourquoi ? Une bonne protection du soleil.   

On croise également pour la dernière fois Annie et Christian, l'équipage québécois chaleureux du voilier Belle Excuse. On se donne rendez-vous au fameux resto Poop deck de Nassau qui domine le canal et les marinas. Une belle ambiance bahamienne y règne et les fruits de mer ont une place privilégiée en haut du menu. 

On prépare notre prochaine étape: Eleuthera. Mais juste avant, on fait un petit arrêt à Rose Island, non loin de là. C'est bien de s'écarter de tout ce traffic au mouillage à l'ouest du pont mais Rose Island n'offre pas une si bonne protection que ça. Et les daycharters sont également assez intrusifs. On y restera qu'une journée. 

ELEUTHERA: 2 avril au 16 avril 

Bon matin dit le dauphin
Belle petite traversée tranquille vers Eleuthera. On se donne rendez-vous avec nos amis les dauphins et on ramène un Mahi Mahi avec nous. On vise Rock Sound au sud de l'ile,  apparemment incontournable. 
Emma avec un 2e trophée. 
On se dépêche d'arriver car on annonce de bonnes rafales d'un font froid qui devait lever la houle. On jette la pioche juste à temps. 
Le magenta n'est pas notre couleur préférée sur Windy. 
Les contrastes de couleurs ne sont pas toujours annonciateurs de bonnes nouvelles dans les Bahamas 
Rock Sound offre une très bonne protection.   
En arrivant à notre mouillage à Rock Sound
Rock Sound est une petite communauté d'environ 1000 habitants. Le village est tranquille, les gens souriants et accueillants. À quelques minutes du mini-port commercial, on y aperçoit un autre blue hole, une formation géologique étrange de 600 pieds de profondeur qui rejoint l'océan par un réseau de cavités souterraines, et ce n'est pas les poissons qui manquent. L'eau y est salée.  
Ocean hole, Rock Sound
Vue de l'Alchimiste à partir du Governor's harbor. 
Un peu plus haut sur la cote ouest, à quelques heures de voile, on se retrouve à Governor's Harbor, un des premiers peuplements des Bahamas de la période suivant les autochtones Lucayans, en 1648. On y dit même que le village a déjà la première capitale administrative des Bahamas. La petite baie est bien protégée des vents et de la houle. Le village est charmant. On y trouvera également un bureau pour renouveler nos permis de touristes et de croisière. On ressent l'histoire par plusieurs monuments patrimoniaux qui sont restés bien préservés. 
Naomi et Emma devant la bibliothèque publique Haynes. 

Une petite escapade nous amène de l'autre coté de l'ile, sur la fameuse plage rose French Leave. Un magnifique site ou se reposer, picniquer, aller nager dans les patates de corail et y chasser la langouste. 

Le sable n'est pas aussi rose nanane que nous l'anticipions mais assez pour qu'un Club Med y ait élu domicile à l'époque. Aujourd'hui, on n'y retrouve que les ruines du resort qui fut surement assez glorieux dans les années 80. Tout de même spécial de circuler sur un lieu abandonné ou la nature est en train de reprendre ses droits rapidement. 
La signature qui prouve l'existence
Les bâtiments du village ont mieux perdurer que ceux du défunt resort. 
Les particules roses de French Leave beach. 
French leave beach
Pause snack 
On y laissé notre trace éphèmère aussi. 
Des aménagements qui dureront plus longtemps que les bâtiments. 

Toujours sur notre route vers le nord, nous découvrons cette balançoire, accrochée à la cime d'un arbre, raison suffisante pour un arrêt au coucher de soleil. De beaux moments magiques qui restent bien imprégnés dans nos mémoires. 
Naomi à la balançoire. 
Un halo bien particulier
.
Décidemment, Eleuthera nous réserve de bien belles surprises. Glass window bridge est un endroit unique. Une jonction géologique entre la mer et le lagon, entre le bleu et le turquoise, à deux élévations différentes avec des profondeurs bien différentes. 
Les contrastes ...
On peut facilement facilement ancrer le bateau à 2 minutes de dinghy et explorer le coin. Car plus loin, à quelques minutes de marche, on y retrouve également Queen's Bath, une autre formation géologique qui a sculpté des bains dans le roc. Des bains à l'eau chaude car le soleil qui plombe réchauffe rapidement le peu d'eau salé qui s'y retrouve. Un spa naturel finalement !
L'Alchimiste devant le Glass Window Bridge
Un spa en forme de coeur, awwww, pas cute ?
Théo qui prend son bain au Queen's bath. 
Annik, Théo, Naomi
Pour s'éviter un petit détour avant de rejoindre Spanish Wells. , on décide de passer par le très connu Current Cut, un endroit qui ne fait que quelques mètres de large, suffisamment profond pour qu'on y passe sans souci. Par contre, il est mieux d'attendre le "slack tide", entre deux marées. Bon, alors, on l'a pas fait et on s'est retrouvé avec 3 noeuds de courants de le nez. Juste assez pour nous donner un petit thrill. 
Current cut
Nous avions donné rendez-vous à nos amis québécois de Belausa à Royal Island, non loin de Spanish Wells. Ils s'y trouvaient depuis quelques jours avec le coup de vent qui s'emmenait du sud puis qui allait spinné, la protection qu'offrait le mouillage de Royal Island semblait impeccable, presque protégé à 360 degrés. 
Juste de l'autre coté, on y trouve Egg island. Faisable en dinghy à partir du mouillage. Je tombe nez à nez avec un gros male langouste... qui ne bouge pas d'un poil. Comme s'il s'avait que la saison était terminée depuis quelques jours. 
Egg island
Les excellent fritters d'Annik. On tente d'épuiser nos réserves de Wahoo. 
Depuis quelques jours, les grains sont de plus en plus fréquents. Ces grands rideaux noirs qui déroulent de toutes leur force du mauvais temps passager mais qui nécessite une vigilance accrue. Surtout la nuit. 

Nous y avions gouté à deux reprises à Curaçao lorsque ces grains qui arrivent de l'ouest. Ces derniers provoquent un changement de direction du vent à 180 degrés en quelques minutes. La chose à surveiller ici c'est que l'ancre reste bien accrochée au fond. Mais ce qu'il y avait de commun avec Curaçao ici, c'était le fond vaseux très mou. Même si la touée (ratio chaine/profondeur) est importante, il faut une ancre qui se "réaccroche" dans l'autre direction pour supporter les rafales et le poids du bateau. 

Plusieurs autres plaisanciers avaient choisi de venir se protéger ici. Nous partagions donc un petit espace, la berge étaient près. Il était minuit lorsque'on commence à apercevoir les éclairs illuminer le ciel. Les nuages grondaient. Soudainement, les cheveux s'activent au vent. Dans les secondes qui suivent, c'est un virage à 180 degrés et l'ancre qui décide de ne pas s'adapter au changement: nous chassons vers nos voisins. Ceux-ci nous nous éclairent et nous font du horn comme si on ne savait pas qu'ils étaient là. Oui, monsieur, merci de l'info, on vous a vu. 

Il vente à 33 noeuds. Annik est à l'avant, nous devons nous réancrer. Ouf. Cet épisode aura duré quelques minutes assez intenses merci. Il a fallu se réancrer à deux reprises, dans le noir avec les haubans qui sifflent et l'adrénaline dans le tapis. On restera les yeux grands ouvert toute la nuit. Une nuit de mar... finalement. 
Pas toujours de tout repos la fin de saison dans les Bahamas. 
Simulation de comment je me sentais après cette nuit là
Heureusement qu'il ne s'agit d'un filtre Snapchat. 
Une bonne bière au coucher de soleil le lendemain pour reprendre ses esprits avec Belausa, à Spanish Wells. 
Spanish Wells et ses pêcheurs commerciaux
Une pirate féminine du coin devant un filet qui retiennent des mérous géants vivants. 

Spanish Well semble faire exception à ce que l'on voit sur les autres iles des Bahamas. Les rues quadrillées, pavées et ordonnées alignent les belles petites maisons coquettes bien aménagées. L'ile est réputée pour sa population de pêcheurs, perpétuée de générations en générations. Les plages turquoises sur sables blancs farineux font également partie de la réputation faite de l'ile. Plusieurs familles autochtones ont également garder une résidence ici même s'ils ont émigrés. On voit ainsi beaucoup de bahamiens qu'on imagine américains au premier regard. Les gens sont accueillants. Tout le monde se salue dans la rue, au volant de son golf cart. Les couleurs des maisons et les fleurs vivaces ajoutent une touche tropicale déjà omniprésente. On se croirait presque dans un camping deluxe et exotique. 
Petite balade sur une place de Spanish Wells, coté nord. 
Le snack shack Budda, vraiment sympa comme place. 
Avec les ados des équipages de Kohole and Pleades, rencontrés sur place. 

Un coup de coeur à mentionner ici. Un endroit qui mérite un détour: le Sapphire Blue Hole. Il se trouve 👉 ici. Il faut s'y rendre en dinghy, au nord de l'ile principale d'Eleuthera. Il faut compter marcher environ 30-45 minutes pour s'y rendre à pied. Sur place, on y une trouve une eau cristalline aussi mystérieuse que les autres blues holes que nous avons visité. Un tremplin a été aménagé à environ 20 pieds de haut pour effectuer des plongeons acrobatiques ou des flats sans trop de dommages. Une échelle pour remonter le long de la paroi s'y trouve également. Nous y étions avec des nouveaux batocopains américains que nous avons rencontrés sur place: Pleades et Kohole. 
Theo, Emma et Naomi qui font l'étoile. 
Papa en bas, dans le trou. 

ABACOS:17 avril au 27 avril 

À quoi pense Naomi ?
Après plusieurs discussions de planning avec nos amis de Zaya, nous décidons de mettre le cap pour notre dernière archipel des Bahamas avant de rentrer en Amérique du Nord: Les Abacos. Nous savions que la région ne s'était pas encore remise complètement de Dorian, un ouragan dévastateur qui s'était abattue sur la région en 2019. On y avait entendu dire que les fonds marins et l'accueil des gens étaient des facteurs incontournables. Nos premières séances de snorkeling nous impressionne. D'immenses récifs de elkhorn coral sont toujours intacts malgré les intempéries. Les eaux sont moins turquoises du coté des Abacos, mais l'eau est aussi claire. 






Nous retrouvons nos amis de Kohole et Pleades pour un BBQ sur la plage. 
Même si le temps a passé, les plaies béantes de l'ouragan sont encore visibles. Autant sur la cime des arbres, complètement ravagés et échevelés que les résidences des différents hameaux. Marsh Harbor, la ville la plus importante de l'archipel fut également la plus touchée. Même si la vie a repris son cours, les travaux de rénovations eux, tardent à reprendre une vitesse qui effacerait les séquelles laissées par Dorian. Et comme pour nous rappeler ce sombre épisode, la météo n'est pas très clémente durant la période ou nous y passons. 

Suite à plusieurs communications et quelques soucis de livraisons, je rencontre finalement Lorenzo à Marsh Harbor pour qu'il vienne porter mon transducer de profondeur. Heureusement, ça fonctionne immédiatement lorsque nous le permutons. Par contre, la veille de sa visite à bord, une soirée électrisante d'éclairs et de tonnerre a neutralisé notre AIS. C'est suite à un flash incandescent que nous réalisons que celui-ci ne fonctionne plus. Même si l'éclair n'a pas frappé notre mat, la proximité de la détonation et sa décharge électrique à proximité aura été suffisant pour l'achever.... Malheureusement, Lorenzo n'en a pas en stock. Nous devrons faire sans jusqu'a notre destination finale, en Floride. 
Les maisons en reconstruction, sur pause. 
Un transformateur décédé
Des maisonnettes délogées qui étaient surement adorables, avant les évènements. 
Un bateau qui s'est retrouvé en cale sèche forcée, à coté d'une école désaffectée. 
Des travaux de nettoyage inachevés, 2 ans après. 
Mon nouveau profondimètre, sous garantie. 
Une marina près de Green Turtle Cay, ce qu'il reste du quai à essence. 
Les fonds marins, quant à eux, se portent bien
Une dernière plongée autonome au Bahamas pour les amoureux. 
Brain coral
Une dernière balade sous l'eau pour Théo. 
Naomi qui devait veiller sur le dinghy, elle a opté pour une petite sieste. 
Le temps file, la saison se termine. Nous retrouvons Zaya à Green Turtle pour faire notre check out. Il est temps de partir, les orages électriques deviennent presque quotidiens. Nous sommes le 24 avril. La nuit a été fatiguante car un autre grain a fait chassé un gros voilier sans mat ni moteur. Nos amis Zaya se sont également fait une frousse avec une manoeuvre dans le noir qui aurait pu mal tourné. 

On fera notre check au custom office ici, le lendemain, puis on partira pour un passage avec un petit arrêt pour la nuit à Allan's Cay, version Abacos, pour arriver de jour à St-Augustine et réduire le nombre de nuit en mer lorsque nous effectuerons les passage vers les USA. 
Un capitaine heureux malgré tout !
Un dernier passage en mer
The crew
On va s'ennuyer de ces moments si paisibles, en navigation de nuit, en mer. 
La fin du dernier chapitre de nav. Les Bahamas, une belle conclusion. 

L'appel du Canada se fait de plus en plus sentir. 
Pendant la traversée avec nos amis de Zaya.
Un passage facile et rapide même si le vent était plutôt faible. C'est le tapis roulant du gulf stream qui nous a porté jusqu'à des vitesses de 12 noeuds. 
Pas le shift de Emma. 
Enfin arrivés. 
Au cas ou on croise Trump sur l'eau. 

Assez réconfortant comme paysage d'accueil pour ce qui allait s'avérer notre dernier arrêt sur l'eau. À suivre sur notre dernier article de blogue. 
Un coucher de soleil fort apprécié à St-Augustine

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