Les petites Antilles ; la boucle Martinique- St-Martin (part 2)

5.6.20


23 février au 28 février; retour par la Guadeloupe

Au départ de l'ile de Tintamarre, nous mettons cap sur Deshaies au Nord de la Guadeloupe pour une nav de 28 heures. On se prend un filet dans l'hélice tribord durant la nuit mais on arrive à le déprendre rapidement. Nous étions trop près de la cote de Montserrat, là où les fonds remontent rapidement jusqu'à 50m. C'est toujours le coté tribord qui souffre d'une ligne qui se prend dans l'hélice, la 4e fois si on inclut les 2 pendilles de la Méditéranée. Surement pour cette raison que nous trouvons une fuite d'huile à transmission dans la chambre de ce moteur, à l'intérieur. Aucune eau salée, ni texture de mayonnaise, signe qu'il y aurait infiltration. Un slow leak mais qui dure et empire depuis le Cap-Vert. À surveiller.  

Finalement, on décide de filer jusqu'à Basse-terre pour rejoindre Juliette et Benoit du batocopain Sérac qui y arrivent également, juste à temps pour le carnaval. Basse-terre est la capitale de la Guadeloupe, siège de la préfecture. Une ville chargée d'histoire. Le carnaval tourne dans la plupart des bourgades de la Guadeloupe durant cette période où, à tour de role, les troupes participantes se déplacent. Ce qui permet aux populations de festoyer dans leur propres villes sans avoir à se déplacer. C'était avant le COVID-19. Alors, on s'installe dans les rues et on attend le défilé qui sillone et arpente le tout centre-ville. 

Ce qui est saisissant, dès le départ, ce sont les fouets traditionnels que l'on entend claquer au loin. Un bruit sec et très volubile qui fait raisonner les tympans de plus en plus fort à mesure que les troupes déambulent vers nous. Ces objets symboliques relèvent du passé esclavagiste de la Guadeloupe. Ce petit vidéo en dresse les grandes lignes. 


Quand même hallucinant de voir ces carnavaliers les faire claquer tout près de nous. On voit le danger lorsque eux voient le plaisir. Même les petits gars de 5-6 ans avaient les leurs et se pratiquaient dans la ruelle ou entre deux troupes sur la rue. Heureusement, aucun blessé devant nos yeux !!






Nous sommes restés jusqu'en début de soirée en remontant les rues à contre-courant. Des dizaines et des dizaines de troupes et de chars allégoriques se succédaient. Nul besoin de dire que nos sens étaient fortement solicités, la bouffe, la fumée, la musique d'un niveau de décidel plus qu'élevé. Plus tard dans la soirée, la fatigue se fait sentir même si l'expérience sensorielle reste sympa. On marche jusqu'à la marina Rivière Sens, où l'Alchimiste nous attend au mouillage. 


Le lendemain, on s'attaque à La Soufrière après avoir loué une voiture directement à la marina, chez JO location, +590 690 33 45 55. On arrive à partir pour 10h en espérant gravir le volcan et les Chutes du Carbet dans la même journée. Erreur. Déjà, lorsque nous arrivons tout en haut de la route qui mène au parking de la Soufrière, nous devons redescendre plus bas à plusieurs centaines de mètres car il ne reste plus de place et des autos sont entassées à la queue leu leu tout le long des bordures de routes. Seulement une auto de large peut circuler. Embouteillage en vue ! 

Le sentier pour accéder au sommet n'est pas de tout repos mais la vue qu'il offre de la haut, impressionant !


Pratique pour se protéger de la pluie qui commence en altitude. 

Les derniers mètres. 

Devant le cratère. La pluie s'est abbatue sur nous quelques minutes après. 

Street Art
Après cette ascension plus ardue que nous le pensions (grand-maman a décidé de nous attendre à mi-chemin) nous tentons un déplacement sur les chutes du Carbet. Combinaison de fausse route et mauvais temps nous retarde légèrement mais on finit par arriver à l'entrée du parc. Malheureusement, on décide de rebrousser chemin. La noirceur commençait à nous envahir dans cette jungle déjà très humide. Tellement qu'on a l'impression de prendre une douche en marchant au retour à l'auto. 

À l'aube, nous levons les voiles au sud vers l'archipel des Saintes où nous avions passé trop rapidement sur notre montée vers le nord. Cette fois, on arrive tot le matin pour pouvoir se chopper une boule de mooring au Pain de Sucre. Une petite plage idyllique, des coraux, une mer turquoise, des palmiers et du soleil. Que voulez-vous de plus ? On décide tout de même d'aller faire le hike du sentier des chameaux pour avoir la vue imprenable sur la baie des Saintes. 



Au sommet du sentier des chameaux, Théo trouve cette mention. Il ne manque que le hashtag :) On l'adopte pour en faire notre mantra a bord, désormais affiché au centre du salon de l'Alchimiste. 

Au moins 2 heures sous une chaleur intense nous conduise la-haut depuis la plage du pain de sucre. Plus facile que la veille mais avec un effort soutenu. 

Un street art magique que nous l'on retrouve partout !


De retour en bas, on se dirige vers le Bourg où une ambiance particulière, chaleureuse et insulaire y règne. La petite rue principale piétonne est bordée de batiments patrimoniaux qui respirent l'histoire. Certains bien entretenus, d'autres moins, cette petite avenue ne laisse personne indifférent. 








Coucher de soleil vue du bourg. Nous rejoindrons l'Alchimiste en annexe au bout de la baie, à gauche, derrière le Pain de Sucre.

Le Royal Clipper quittant la baie des Saintes devant nous, toutes voiles dehors.

Nous avons adoré nos 2e passage en Guadeloupe. Ce bain de culture, ce carnaval et cet éblouissement de beautés naturelles aux Saintes laisseront des images et des moments inoubliables dans la mémoire familiale collective. Ceci étant, on poursuit notre boucle de retour vers le sud, direction Dominique où une autre escale coup de coeur se dessine à l'horizon.  

28 février au 3 mars : la Dominique


Dès que nous arrivons dans la baie de Portsmouth, nous sentons la chaleur humaine. La baie est vaste mais il existe une proximité avec les locaux qui se manifeste dès les premiers instants. Ceux-ci (les boat boys) nous abordent en nous souhaitant la bienvenue avec des pointes d'humour. C'est d'ailleurs Daniel, fils de Jack Sparrow qui vient nous saluer et nous offrir ses services de guide afin d'explorer la Indian River, facilement accessible à partir du mouillage. Il fait parti de l'association PAYS (Portsmouth Association Yatch Services) qui coordonne les services offerts à la communauté des plaisanciers.  


Avant d'entreprendre notre entrée sur la Indian River, principal attrait pour nous ici dans la baie de Portsmouth, nous faisons la rencontre de deux batocopains, Bliss et Matriach. Deux familles, l'une américaine et l'autre canadienne. Nous irons faire du snorkel avec Harry de Bliss sur la pointe du parc national des Cabrits au coucher de soleil. À l'endroit même où des dauphins nous avaient accueillis quelques heures plutot à notre arrivée. On finira la soirée au BBQ du vendredi soir, dans un bar de Rasta man sur la plage. Un endroit où voileux et locaux se cotoient dans une ambiance cozy et où les effluves de ganja flirtent avec notre odorat. Vraiment sympa mais la dame semblait un peu débordé ce soir là, plusieurs équipages y étaient, dont celui de Boomerang que nous croisons dans la réalité pour la 1ère fois ! On voit même que SV Delos, un équipage fort connu était passé par la il y a peu de temps et avait laissé sa trace en apposant un sticker à leur effigie en haut du comptoir. 


Dès le lendemain matin, on se dirige vers l'embouchure de la Indian River, cours d'eau mystique et légendaire ayant servi au tournage de scènes dans les Pirates des Caraibes. Mais au-dela de ses récentes heures de gloire hollywoodienne, ces lieux et son histoire valent amplement le détour. Ce sont les Arawaks, puis les Caraibes qui ont peuplés la région avant l'arrivée des colons. Même si Christophe Colomb prétendait avoir découvert la Dominique en 1493, c'est plutot aux Kalinagos (que les colons nommaient Caraibes) à qui l'ont doit la vraie découverte de ces lieux, 3000 ans plutôt. Étant donné que la zone est désormais classée au rang de Parc National, on se retrouve dans un espace sauvage luxuriant très rapidement, parmi les mangroves, les palmiers et la vivacité des espèces qui y habitent sans traces humaines. 


Daniel, dit Sparrow, nous emmène donc en balade dans sa barque à pagaie, remontant son hors-bord à l'entrée car les moteurs sont interdits. Les règlements du parc exigent également que nous fassions affaire avec un guide de P.A.Y.S. Une façon d'encourager l'économie locale. Mais déjà, Daniel nous renseigne sur plein de spécificités naturelles du parc, sa nature, son histoire, sa biologie, sa faune, sa flore. Il répète à plusieurs reprises que les crocos sont ... absents de la zone. Il nous chante également quelques passages Bob Marley Style, l'équivalent du solo mio de Venise, saveur locale. 







Au bout de la rivière nous attend un bush bar. Au menu, rhum et odeurs naturelles enjolivantes. Daniel nous invite à le suivre. Il nous amène dans l'arrière pays, là où les locaux cultivent une telle abondance de fruits exotiques. Nous croiserons des vergers de fruits de la passion, des cultures d'ananas, de bananes, de cannes à sucre, de mangues et de pommes. Mais le clou de la promenade sera bien entendu la visite d'un artisan de Rhum qui prépare les fameuses conconctions locales. Soit le punch rhum coco, le rhum-passion et le rhum Dynamite. Une boisson choc, surtout lorsque dégustée le matin à 10h, à tester spécialement lorsque vous êtes déshydratés, après un petit hike en forêt. Effets garantis!






Dégusation de fruits exotiques et de Rhum avec nos amis de Bliss et Matriach. 

Photo de groupe plutot joyeuse, après la dégustation

ROSEAU et ses merveilles au sud. 

Initialement, nous pensions rester mouillés à Portsmouth et louer un véhicule à partir de là pour explorer l'ile. Finalement, nous trouvions le seul locateur d'auto un peu cher. De plus, on réalise que les attraits sont plutot au sud et que pour s'y rendre, il faut mettre au moins 2h30 aller-retour. Sans parler de l'état des routes montagneuses pour les initiés, conduite à gauche.... Après quelques démarches et appels, on trouve mieux dans la capitale Roseau, situé au sud. Nous décidons donc de s'y rendre à voile et d'initier l'exploration de ces nombreuses découvertes à partir du sud, en laissant le bateau sur des mooring. 

On capte notre premier Thazard (Wahoo) durant la journée. Festin que nous partagerons avec Bliss et Matriach, tout en laissant quelques darnes au boat boy du mooring à notre arrivée. 

Un Mitsubishi Pajero 4X4 (7 places) pour 150 EC dollars par jour. 

Alors, parmi les incontournables de la Dominique figure ses nombreuses chutes et cascades spectaculaires. De belles explorations en pleine jungle en perspectives. On commence avec l'Emerald Pool, une piscine en plein coeur d'une réserve naturelle qui n'était accessible qu'à dos de cheval jusqu'au années 40. Depuis, un accès pédestre a été aménagé. Le site porte encore les stigmates de l'ouragan Maria en 2017 qui a avait tout détruit sur son passage, dont plus de 95 % des habitations du territoire de la Dominique. Depuis, on dit que 22 000 personnes ont quitté le pays. Malgré cela, la résilience est bien présente. Depuis, la végétation luxuriante a repris ses droits a Emerald pool. En moins de deux, les enfants sautent dans cette eau pure et fraiche dès que nous arrivons.



Le sentier pour s'y rendre est agréable et facile.



Middleham falls ne laissent pas indifférents non plus. Planqués au coeur du parc national de Mone des Trois Pitons, cette chute est parmi les plus hautes en dénivelé avec ses 80 mètres. La rando pour s'y rendre est modérée et la surprise totale lorsqu'on contourne le dernier tronc l'osculant. Théo a été le plus courageux de la famille en se lançant sans hésiter dans la cuve au fond en arrivant. La végétation et les massifs montagneux qui façonnent les paysages avoisinants nous font comprendre que nous sommes "ailleurs".






Ensuite, vient le tour des chutes jumelles Trafalgar, facilement accessible à quelques minutes à pied à partir du parking. Ce qui en fait une des plus populaires sur le parcours des croisiéristes qui inondaient jusqu'à tout récemment le site. Les deux cours d'eau déversent leur millions de mètres cubes d'eau sur des amas de pierres immenses jonchant les falaises. Autant le sentier est facile pour se rendre au premier point de vue, il faut cependant être plus déterminés pour se rendre dans les cuves pour se baigner. On se rendra à la première de droite pour s'émerveiller et se rafraichir un peu. 



À découvrir également : Titou Gorges. Une véritable scène des Pirates des Caraibes qui nous emmène dans les méandres d'une rivière cachée sous la végétation. En remontant le courant à la nage à partir d'une fissure géologique, on y découvre une belle cascade dissimulée quelques centaines de mètres plus loin. Un vrai paradis. 

Nos derniers moments de cette excusrion nous ont amené sur les berges de la plage pour nager à la rencontre des bulles. Des bulles de champagne reef, un endroit où des récifs coralliens émergent d'entre les bulles de gaz émises par les fonds volcaniques de l'endroit. 

Nous aurions facilement pu rester encore quelques jours, voire quelques semaines en Dominique. Mais le temps pressait pour retourner en Martinique afin de  reconduire la famille à l'aéroport. Cette boucle des petites antilles au nord a duré un mois. Nous pensions que nous avions amplement le temps mais au final, ça aura passé en coup de vent, c'est le cas de le dire.

A ce moment, nous ne savions pas ce que l'avenir rapproché nous réservait. Un arrêt prolongé en Martinique et une crise internationale se dessinaient doucement dans l'actualité.  













































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