Gibraltar, un passage notoire

14.11.19

La Linea et THE ROCK, 26 octobre

24 heures sont nécessaires pour rejoindre Gibraltar à partir d'Almérimar. Durant la nuit, nous sommes témoins d'un spectacle incroyable. Des dauphins nous aperçoivent et viennent vers nous, à la noirceur. Soudainement, on remarque que l'écume sur le long des coques du bateaux s'illuminent !!! Les dauphins deviennent tout à coup des trainées de lumières éclatantes en mouvement. Pendant quelques instants, on pensait qu'il s'agissait du reflet de nos feux de navigation mais on se rend vite compte que les planctons bioluminescentes nous enveloppent. En fait, on assiste à une chasse aux sardines. Nous voguons sur un gigantesque banc. Ça saute de partout. Les dauphins jouent et chassent simultanément. Du coup, la poussière d'étoile n'est plus au ciel, plutôt sombre car la lune est très mince. La poussière d'étoile est désormais dans l'eau. On passera plusieurs dizaines de minutes à se croire dans la scène du film Avatar.

Source photo: Google Image. N'ayant pas nos appareils sous la main lorsque la magie a opérée. Il s'agit bien d'une représentation identique de ce que nous avons vu. 
Nous aimons beaucoup ces nuits de navigation mystiques. On finit par se rendre à l'entrée de la Baie de Gibraltar au levée du soleil. Nous aimons beaucoup ces nuits magiques. Nous aimons beaucoup nous laisser bercer dans la noirceur, accompagné par la musique et des podcasts. D'ailleurs, François, étant de quart, a pu finir le journal du film "T'es où Youssef" en balado-diffusion (podcast). C'est le récit fascinant et épique d'un documentaire québécois. Il s'agit du réalisateur et de son collègue Raed qui tentent de comprendre comment Youssef, un marocain bien intégré au Québec et ayant fait son Université à Sherbrooke ait pu rejoindre Daech en Syrie. Comment un garçon aussi gentil que lui ait pu renconcer volontairement à sa vie paisible au Québec pour aller combattre pour l'État islamique. Une épopée qui se dévore en "binge listening". Cette épopée met dans l'ambiance et nous laisse perplexe par rapport à tous ces amalgames sur l'immigration, particulièrement sur cette plaque tournante maritime où nous nous trouvons actuellement. Nous percevons Gibraltar comme cette porte du monde, où encore des milliers de migrants s'aventurent vers la côte que l'on voit à l'oeil nu à partir de l'Afrique, fuyant vers de nouveaux horizons, à la quête d'une vie meilleure sur les berges du continent européen, du monde occidental. Bref, à écouter et à voir. 

Premier aperçu du Rocher de Gibrlatar suite à notre nuit de navigation. 
Il est déjà 8:57 lorsque nous arrivons au CEPSA anglais pour faire le plein. Nous avions pris soin de sécher nos réservoir car à 77 centimes le litre au lieu du 1,77 euros que nous trouvions cet été, ça vaut le coup. Surtout quand tu as deux réservoirs totalisant 400 litres à remplir. L'entrée dans la baie n'est pas si ardue. Nous croisons plusieurs cargos, pétroliers, fast ferries, pêcheurs, plateformes et autres embarcations mais le gigantisme de la baie nous laisse à l'aise pour manoeuvrer. Nous nous dirigeons vers La Linéa pour mouiller. Un endroit très protégé avec une très bonne tenue dans 3m de profondeur sur un bon fond de sable. 

Le premier point mauve du bas représente la localisation de la station d'essence maritime CEPSA, du coté de Gibraltar. Le point mauve en haut, est notre mouillage du coté de Linéa, en Espagne. 

On finit la journée du 27 octobre à se reposer à bord. Le lendemain, excursion du côté de Gibraltar pour explorer la ville mais surtout le Rocher et sa colonie de macaques et leur notoriété internationale. D'abord, nous rejoignons "la frontière" de Gibraltar. Les enfants sont excités de pouvoir dire à leurs amis anglais qu'ils ont bel et bien foulé le sol de l'Angleterre. C'est même l'avenue d'un de nos personnages les plus inspirants qui nous accueillent avec le cliché de la cabine rouge qui fonctionne jusqu'à aujourd'hui. 


Une fois passé les douanes à pied, c'est la suite qui intrigue. Il faut attendre que l'avion atterrisse pour pouvoir traverser la piste à pied afin d'entrer dans le pays. 




Une piste de décollage unique au monde. 




Mais ce qui fascine encore plus les enfants, c'est ce qui suivra l'ascension du rocher: la colonie de macaques qui y a fait son territoire depuis plusieurs décennies. Des singes qui se déplacent partout autour de nous, en toute liberté, parfois insouciants, parfois en pleines cabrioles. Nous marcherons au total une douzaine de kilomètres pour accomplir tout le parcours. Nous passons par the Apes Den, the Charles V wall, le Skywalk, the Mediteranean steps, the O'Hara's battery, the Jews gate et le pont suspendu de Windsor. Les enfants ont été vraiment bons, avec un papa qui lead et qui les tire vers la prochaine motivation. Même maman commençait à râler vers la fin...

Quelques photos de nos rencontres du jour:








Le passage du détroit, 29-30 octobre. 

La fenêtre pour quitter vers Rabat demeure bonne pour le lendemain matin. Nous quittons aux aurores, à 6h45 am suivant notre planification bien étayée selon les lectures de Jimmy Cornell, et autres échanges avec d'autres navigateurs:


  • Vent faible d'ouest 8-10 nds
  • 6h45 pour partir avec la plein mer (marée haute) + 3 heures afin de bénéficier des courants de la marée descendante. L'application Navionics comporte toutes les tables de marées de façon assez précise. En sortant de la baie nous avons un courant de 0,5 à 1 noeud.
  • Nos waypoints (marqueurs) sont bien identifiés selon les indication de Cornell. Nous longegons la cote et prenons un cap vers un waypoint passé Tarifa.
  • Second waypoint, on prend un cap à 232 degrés pour passer un peu au large de Cap d'Espertel tout en traversant le rail de cargos et éviter les remous, certaines zones de pertubations où la mer rencontre l'océan. 
La vie reprend autour du Rocher


Le Phare de Tarifa. 

Un des seuls cargo que nous avons croisé sur le rail. 
Il fait soleil. Tout se passe comme prévu. Nous montons même à 8,5 noeuds en sortant du détroit. Les courants nous aident, tel que nous l'avions prévu. Question traffic, pas mal, aucune déviation a effectuer. Un groupe de cargo nous dépasse sur le rail avant notre changement de cap vers le sud. Notre AIS se tient tranquille, pas trop d'alarmes. Rien de stressant pour l'instant.


Une fois passé le cap d'Espertel, nous décidons de longer la cote marocaine tout en gardant une distance de 7 milles nautiques. Malheureusement, le vent n'est pas vraiment de la partie. Ce sera au moteur presque tout le long du trajet de 159 milles nautiques jusqu'à Rabat. Nous apercevons plusieurs filets de pêcheurs mais ils ne nous embêtent pas trop. On garde nos distances. Annik a la chance de revoir un groupe de dauphin revenir danser autour du bateau pendant 40 minutes, toujours dans ce même phénonène de bioluminescence. Magique.  


Nous passons une nuit paisible avec une vigie constante pour les filets de pêcheurs. Une fois arrivés à l'embouchure de la rivière Salé, nous appelons plusieurs fois les pilotes de la marina sensés nous accompagner dans les haut-fonds pour rallier la marina qui se trouve à 1,4 milles nautiques plus loin en amont. Après une quinzaine d'appels sur la VHF, on commence à se questionner sur le bon fonctionnement de notre appareil. Puis, ils finissent par arriver. Un copain de la marina leur avait transmis notre message.

Assez unique comme approche d'entrée avec une vue sur la Kasbah des Oudayas et les petits pêcheurs le long la berge. Nous sommes le matin, à marée basse. Nous avons tout de même 3,5 m de profondeur tout le long, même si la marée de 3 m est à son plus bas niveau.



Les autorités qui nous reçoivent au bureau d'accueil et à la capitainerie sont gentils et serviables.

1ère question des douaniers : Avez-vous un drone ? et nous de répondre: Bien sur, le voila.
2e question : Avez une arme ?
3e : du haschisch ?

Petite tentative d'embarquer un berger allemand à bord pour renifler, en vain. Seulement une visite de 5 min pour "yeuter" nos quartiers intérieurs. Quelques papiers à remplir. Ils conservent nos passeports et les papiers du bateau pour une heure, le temps de terminer leur saisi dans les systèmes. Nous nous installons au quai puis ils viennent nous reporter le tout à bord.

À 6 euros/nuit pour notre catamaran de 12 m et 7 m de largeur, tout inclus, nous constatons la localisation avantageuse de cette marina récente.

Nous rencontrons également de nouveaux équipages avec qui nous passerons les deux prochaines semaines entre soirées Halloween, roadtrip dans le sud et attente de notre fenêtre météo sous la pluie. L'hiver est bien arrivé. 


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