Maroc, de Rabat à Merzouga

23.11.19

Rabat du 30 octobre au 2 novembre

On se laisse guider par le pilote à l'entrée de la passe. Il aura fallu qu'on les appelle une dizaine de fois à la VHF. La houle était très faible. Marée basse. On a eu 3,5m de profondeur tout le long. 


Notre arrivée au Maroc se fait par la grande porte. L'entrée du port de Rabat par la rivière Bouregreg est simplement époustouflante. L'embouchure du port est dominée par les remparts de la Kasbah des Oudayah. L'ambiance créée par cette fresque moyenâgeuse et les barques de pêcheurs qui nous saluent tout le long de la rivière nous rappelle que nous sommes désormais ailleurs, définitivement en Afrique. 



Par contre, la modernité s'impose également sur cette capitale du Maroc, berceau de la royauté. Le tram: propre, moderne et ponctuel, constrastant avec celui de Tunis. Le pont Hassen II qui surplombe la rivière, l'immense oeuvre en cours de construction qui deviendra la Maison de l'Opéra de Rabat sous peu, ce méga développement récent autour de la nouvelle marina Bouregreg qui nous accueille.  

Ces premières indices nous démontrent que le pays aspire aux rangs des civilisations développées. D'ailleurs, on entend parler des grandes réformes de Mohamed V qui semble avoir la ferme volonté de changer la trajectoire de son royaume. Le TGV, les grands projets d'infrastructures, le développement des grandes villes du Maroc. Ils ont d'ailleurs appliqué comme candidats olympiques à multiples reprises et contineront de le faire jusqu'à temps qu'ils l'aient. Même chose pour la World Cup de foot. 

D'un autre côté, le conservatisme et la religion apparaissent encore comme un trait incontournable de la société. La tradition, la pauvreté et les enjeux demeurent important. On le voit tout de même dans la rue, autour de nous. 

20 ans plus tard, nous foulons le sol d'un pays qui a marqué notre gout du dépaysement. On souhaitait le faire découvrir à nos enfants, surtout qu'ils ont connus la Tunisie pendant 4 ans. Le Maroc est également un endroit qui marque une étape importante dans la parcours de Santiago, berger dans le livre l'Alchimiste. Pour nous, ces passages du livre ont également marqué notre imaginaire.

Durant tout ce séjour, les points de comparaison seront omniprésents dans nos esprits. Quoique tout deux faisant partie du Maghreb, l'amalgame maghrébin est à éviter. Les différences sont majeures et frappantes. Tant au plan culturel qu'aux plans culinaire, politique, physique et géographique.

 La Marina Bouregreg vu de l'Alchimiste, on y voit la tour Hassen II en arrière plan. 
On est reçu par un comité d'accueil à la marina composé d'une dizaine d'officiers des douanes, de la police, de la brigade canine pour les formalités relativement rapides. On se fait confisquer temporairement notre drône, tel que prévu. C'est illégal au Maroc. D'ailleurs, ce fut la première question posée: "Avez-vous un drone", 2e question : Avez-vous des armes... 3e: des drogues.

De nouveaux équipages composés de familles viennent nous rejoindre au quai. On se lie d'amitié instantanément. Cette équipe du tonnerre deviendra "Les Rabats-Joies". Un joyeuse bande peuplant les pontons de la marina à la découverte de l'autre et des environs dans l'attente d'une fenêtre météo pour le sud. 
Naomi retrouve sa bonne amie Sofia. 
Kasbah des Oudayas. 
Dans les jours qui suivent et par un hasard fortuit, la famille de Lamia et Aziz avec Sofia et Élias nous repèrent à la marina. Ravis de revoir ces amis avec qui les enfants ont été à l'école à Tunis. Nous passerons la journée ensemble à visiter la médina et la Kasbah des Oudayas. Naomi était aux anges de revoir Sofia. La Médina est belle et attrayante suite à un programme d'aménagement ordonné des lieux, caractérisé par des oeuvres sculptées par des ébénistes et qui recouvrent les ruelles. Contrairement à ce nous appréhendions, les marchands nous laissent tranquilles. On déambule en paix sans se faire "achaler".


Un exemple de "bonnes conditions pour sortir". 
Du haut de l'esplanade, nous revoyons cette embouchure qui nous empêchera de sortir pour les 15 prochains jours. Une perspective qui démontre bien l'aspect étroit du chenal. À plus de 2 mètre de houle, on ne sort pas. Les marineros de la marina sont fermes la-dessus. Les déferlantes risquent de dévier les embarcations sur les rives constituées de rochers et de bancs de sable. Et la marée est à considérer. Elle varie de 3 mètres le jour où nous arrivons. C'est la marée qui crée le courant dans la rivière. Celle-ci peut évidemment amplifier ou diminuer la houle entrante. 



Le bleu des ruelles entourant la Kasbah nous rappelle les couleurs méditéranéenne de Sidi Bou Said, en Tunisie. Charmant. 


Chez Lamia et Aziz. 
Puis, c'est Stéphanie Cole (professeur d'arts des enfants à Tunis) qui se manifeste. Elle est également rendue à l'école américaine de Rabat avec son mari Chris et ses enfants. Les deux familles nous recevront à la maison pour remettre à jour les compteurs d'histoires et de cette vie d'expats. Quelle chance de les avoir croisés. Du coup, un peu de nostalgie tunisienne.

Couscous chez Loubna avec les Rabat-Joies !

Ces premiers jours seront ponctués également par des découvertes culinaires. En particulier chez Loubna, qui nous accueille chez elle pour un couscous marocain délicieux, et ce, avec une partie de la nouvelle troupe des Rabat-Joies. 



On échappe pas à l'Halloween avec une soirée à bord de l'Alchimiste caractérisée par la musique sombre, les histoires d'horreur de Chris du voilier Celedon et les bonbons à la tonne pour la dizaine d'enfants réunis pour l'occasion.


Déjà, après quelques jours, l'appel du sud et du Sahara se fait sentir. Nous réservons notre auto en location pour les prochains jours grace à une référence d'Aziz à 25 euros par jour, assurances incluses. Youssef: + 212 66 10 70 736. Fiable et honnête, il vient nous porter et récupérer la voiture à la marina. 

Roadtrip dans le sud, du 3 novembre au 7 novembre  

On décide de mettre la cap (terrestre, cette fois) directement sur Merzouga. Trajet légèrement plus long que google nous l'avait annoncé. Nous arrivons 11 heures plus tard après avoir traversé la forêt d'Azrou et ses singes, les montagnes de l'Atlas, et autres paysages désertiques.

La forêt d'Azrou


Notre dévolu s'arrête sur une petite auberge au pied de dunes. L'Auberge Africa nous propose un lieu rustique, abordable et intimiste. Nous sommes les seuls. Nous sommes accueillis par une bonne tajine réconfortante. 







Au lendemain matin, nous visons la plus grand dune au loin. Un trek qui se termine par une session de ski et par une sécheresse de nos palais, n'ayant pas assez amené d'eau. Ce petit erg appelé "Chebbi" s'apparente à un carré de sable par sa superficie limitée comparé au le Grand Erg oriental du sud de la Tunisie où nous avons été à plusieurs reprises (voir notre blogue en Tunisie ici )


Le soir venu, nos véhicules traditionnels nous attendent pour une balade de 1h30 au coucher de soleil vers notre campement. Notre chamelier guide la caravane à travers ces dunes aux teintes orangées qui se déforment par la féérie. Les ombres et jeux de lumières du soleil font danser le désert au fur et à mesure que nous avonçons.

Arrivés au campement, 2e session de ski. 



Le campement est tenu par des berbères, référé par notre auberge. Il est propre et authentique. Un must pour l'expérience au désert. Soirée de chants berbères autour du feu, également un incontournable.

Le campement Mustapha

Le lendemain aux aurores, nous revenons vers notre autre véhicule, celui-la un peu plus rapide pour un retour vers le nord. Prochaine destination: Ouarzazate pour contempler d'autres types de Kasbah.  Une route de quelques heures encore. Au total, c'est 2000 km que nous aurons fait durant ces 4 jours. Les enfants ont été bons. 

La route est longue
Très longue
Paysage le long de la roue
La bat mobile. 


Les enfants sont impressionés par ces chateaux de sable qui ont traversé les siècles à coup de restauration chaque trois décennies. Nous arrivons de soir au gite Dar Farhana. Une maison d'hôte perdue aux confins des ruelles au sud de Ouarzazate. Un petit havre de paix verdoyant, une déco de goût et soignée avec un accueil top chaleureux. Finalement, un petit déjeuner sublime le lendemain matin venu, sans parler des bons conseils reçus par la famille qui nous héberge. Nous arrêtons voir ce premier chateau de sable au centre-ville, la Kasbah Taourirt.

La Kasbak Taourirt à Ouarzazate le soir de notre arrivée. 
La maison d'hôte Dar Farhana. 
P'tit dej, un bonheur. 


Nous décidons de sortir de la route nationale après ce qui est considéré comme le "Hollywood" du Maroc pour le nombre de super-production réalisées dans les environs. Direction Kasbah Ait Ben Haddou. Non seulement la Kasbah se présente comme dans une fable des milles et une nuits mais ce qui est remarquable, c'est que des gens y vivent encore jusqu'à aujourd'hui. D'ailleurs, sur une entrée secondaire, deux habitants de la place nous ont chargé un "frais de restauration". Nous apprendrons que l'admission est gratuite... Notre contribution à l'économie, I guess.

La fabrication de briques pour l'entretien des murs de ces kasbah centenaires. 
Ait Ben Addou

Les films qui y ont été filmés





D'autres Kasbah après Ait Ben Addou, le long de la route vers Marrakesh.

Les camions de bétail à trois étages que nous croisons à répétition sur la route de l'Atlas. 

On continue notre route vers Marrakesh, longue route sinueuse dans l'Atlas. Difficile d'aller à plus de 40 km/h. Nous arrivons finalement à Marrakesh, haut lieu de la culture marocaine avec sa place Jemaa El Fna. Il y a 20 ans, tous nos sens avaient été conquis par ce flux de lumières, les résonnances de musiques du monde, les effluves d'odeurs occultes, les charmeurs de serpents, la danse arabesque. Pour nous, toutes ces manifestions présentes à la place Jemaa El Fna nous avaient amené dans un autre monde, très exotique, mystérieux et inconnu. Nous devions amener nos moussaillons dans cet univers parallèle. Eh ben, cette magie s'est opérée différemment cette fois. Marrakesh a changé, cette place aussi.



Désormais, les lunettes de réalités virtuelles et autres artefact de la modernité remplacent petit à petit les charmeurs de serpents, les gardiens de macaques et les musiciens, qui heureusement persistent et signent comme pour nous rassurer que nous sommes toujours à la bonne place. Presque choquant ces lunettes de VR en ce lieu mythique.


Marrakesh vit la nuit. Le jour, l'expérience est différente. Les stands étaient répartis de façon chaotique il y a vingt ans, sont désormais bien rangé avec des menus standards et des rabatteurs qui ne nous lachent pas une seconde lorsque nous marchons. 






Les ruelles denses, les souks surpeuplés, les ânes et les motos chinoises nous enveloppent. On s'amuse à se perdre dans les dédales piétonnières sinueuses. On abouti dans notre Ryadh trouvé sur Airbnb, un toit qui continue de faire opérer la magie des lieux.


Finalement, dernier jour de roadtrip. Nous revenons vers Rabat, ébloui par ce que nous avons vécu. C'est le temps morose, l'humidité et la pluie qui attendent. 

L'attente de la fenêtre à la Marina Salé, du 8 au 17 novembre

Nous passerons les 10 prochains jours à la marina, partagés entre surf, farniente, soirées entre amis, petites bricoles et surtout à poursuivre l'école à bord. Rester à la marina impose un rythme différent, ponctué par beaucoup de distractions. Nous sommes plutôt ambivalents sur cette vie sédentaire. Une vie avec beaucoup d'avantages (les courses, la proximité des amis, l'électricité et l'eau courante, etc). Les enfants y voient également de très grands avantages à courir 30 secondes sur les pontons pour retrouver les amis. 

Par contre, papa-maman s'ennuient de l'inconnu, des mouillages, de leurs aspects sauvages, isolés. Nous sommes des nomades à voile après tout. En revanche, on aime beaucoup rencontrer de nouveaux équipages, partager et vider les cales de marchandises précieuses ensemble. Un étrange sentiment partagé nous anime, finalement. Nous sommes des animaux sociaux mais qui préfèrent vivre dans la nature. On a la chance d'être bien équipé pour pouvoir vivre au mouillage. L'impératif de repartir se réinstalle dans nos esprits.




Pendant ce temps, on entend parler d'un défilé qui aura lieu à proximité de la marina pour célébrer la Mouled, fête religieuse célébrant la naissance du prophète Mohamed. Annik ira voir la manifestation dans les rues où des milliers de personnes s'entassent au gré de la musique traditionnelle.


Patrick et Patrica du voilier Alyare qui fait un petit show aux voileux réunis à la salle adjacente à la capitainerie. Une salle prêtée gracieusement par la marina. Nous y étions une bonne vingtaine. 

On annonce finalement que le port ouvrira dimanche le 18 novembre. Les conditions enfin sont réunies. Nous reprendrons la mer vers les Canaries. Youpi ! 

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