Les Baléares, pour les fous et les fins.

20.10.19

Cala Teleura, Minorque, 19 septembre au 26 Septembre

On lève l'ancre à 7h00, le 19 septembre en partant de Campomoro en Corse. Direction Mahon, Espagne. Passage de 235 miles nautiques. On s'aligne pour un 48 heures de navigation sur des vents favorables. Parfait pour sortir le Code 0. Une super traversée, moitié à voile, 2e moitié à moteur sauf sur le dernier bout droit. 

Nous pensons pouvoir arriver à Mahon pour le lever du soleil, avant le mauvais temps annoncé. Comme si les évènements de nos dernières heures sur le passage en Sardaigne ne nous avaient pas marqué, notre arrivée sur Minorque en ajoute une couche. 


Premièrement, les éclairs qui illuminent le ciel nous guettent et arrivent sur nous sous un ciel pesant. Deuxièmement, le soleil ne se lève qu'à 7h30. Donc, nous sommes toujours dans la noirceur. Il est 6h00 et nous accélérons pour rejoindre la terre avant que l'orage nous tombe dessus. Par contre, l'entrée sur le canal pour rejoindre notre mouillage est étroit. Nous avons 27 noeuds avec des pointes à 35 dans le dos, avec la houle qui vient avec. François réussit à rejoindre le canal entre la bouée rouge et verte. Dans la noirceur et un zeste de nervosité, il rate le passage à tribord de la 2e bouée délimitant la bifurcation vers la Cala Teleura (voir ligne bleu ci-haut). Du coup, on doit revenir sur nos pas pour quelques mètres. 

Cala Teleura, nous sommes arrivés par le sud, à gauche sur la photo. 
Soudainement, un bateau pilote nous éclaire de ses pleins feux blancs. He oui, un bateau de croisière ou un ferry, bref un gros bateau, est juste derrière nous et arrive à pleine vitesse dans le canal (voir trace jaune). François l'avait vu mais le gigantisme de la cible qui arrive vers l'Alchimiste impressione. On trouve le temps de compléter un demi-tour pour s'insérer dans le petit passage, dans la noirceur la plus totale. On cherche la torche pour voir où nous allons, et non, nous ne voyons pas la lumière au bout du tunnel. Ce qu'on voit c'est deux parois rocheuses de 15 mètres de hauteur et à quelques mètres de chaque cotés de l'Alchimiste. On manoeuvre au GPS et aux cartes. Pas de visuel, aucun reflet de lune. Petite lampe frontale pour Annik au lieu de la torche 9000 lumens. On arrive tout de même au mouillage de Cala Teleura et on s'ancre dans la pénombre parmi des points blancs dans le ciel; feux de mats des voiliers avoisinants. La profondeur est nulle, et la distance nous séparant des autres voiliers aussi. Bref, on attend le soleil et on se repositionne à une ou deux reprises. Repos bien mérité par la suite...

Quelques heures après notre arrivée mouvementée à l'aveuglette, nous décidons de ré-ancrer. Nous avons à peine 2 mètres de profondeur et les vents sont modérés. Nous souhaitons mouiller ailleurs pour avoir plus de distance avec les autres bateaux.  Au moment où nous nous déplaçons, nous apercevons 3 enfants en zodiac arriver à toute allure en nous tendant des biscuits en guise de bienvenue, craignant que nous quittions déjà. 


C'est le catamaran Wicked! Une famille américaine très accueillante qui voyage depuis plus de 6 ans avec leurs quatre enfants. Les notres se lieront rapidement d’amitié avec eux. Sans dire qu’ils disposent d’un élément majeur à bord : deux balançoires! Nul besoin de vous indiquer que nos enfants seront souvent à bord de leur embarcation pour se balancer comme des singes et jouer ensemble. Nous rencontrons également une famille de kiwis du voilier Due South, 4 p'tits gars blond à bord !!! 



Au grand jour, nous découvrons une baie très bien protégée à 360 degrés, parfaite pour nous protéger du mistral et des autres vents par des falaises à 360 degrés. C'est calme, tout le temps. Une baie au pied de la plus grande forteresse d'Europe: La Mola, d'Isabelle 2. Elle a été construite au cours des derniers siècles, complétée au 19e. Elle fut édifiée pour résister aux empires français et britannique mais n'a jamais été réellement la cible d'un assaut. Son arsenal a réussi à maintenir Franco à l'écart de l'ile, permettant à Minorque de devenir la dernière province à sombrer dans la guerre civile espagnole précédant la 2e guerre mondiale.  



La forteresse est un complexe de pierres, de tunnels, de cavités, de passerelles qui s'étend sur plusieurs kilomètres carrés surplombant le port par des falaises les plus abruptes que les autres. Un emplacement extrêmenent stratégique muni de canons et autres artilleries qui n'auront pas servi souvent.

Tapas au thon crue, mmmmh. 
Durant les jours qui suivent, nous en profitons pour relaxer un peu, pour aller manger nos premiers tapas entre adultes, les meilleurs que nous avons mangé à date. Premier soir depuis le départ sans les enfants qui se gardent seuls à bord de Wicked. En tout cas, nous recommandons fortement ce resto authentique qui innove et qui à notre sens fait des tapas inégalables. À essayer sans faute si vous passez par Mahon: Tapas Can Avelino

On en profite aussi pour faire des petits travaux dont le premier entretien des moteurs et saildrives. Le concessionnaire Yanmar du coin nous indique qu'ils peuvent le faire pour la modique somme de 850 euros !!! Seulement les filtres et l'huile : 400 euros !! Un peu plus cher qu'au Canadian Tire. Pas possible de le mettre sur le lift non plus. L'extraction de l'huile se fait au siphon. Bon, François décide de se salir les mains et apprendre avec l'aide de John du cata Wicked. 10 heures plus tard, mission accomplie.


Macarella 26 septembre


Les vents étant favorables, nous décidons de mettre le cap vers Cala Macarella. Sur notre chemin, nous arrêtons sur l'ile de Aire pour aller à la rencontre des lézards noirs qui surpeuplent l'ile inhabitée. Ceux-ci ne sont pas trop gênés et raffolent des tomates. Les enfants adorent !

La petite crique de Macaralla est calme. Ce qui surprend encore les enfants c'est toujours le ratio élevé de dames en monokini ! Mais là, sur la petite crique adjacente, c'est la totale. Plusieurs couples s'exhibent flambant nus. Nous tentons toujours de chercher le réel intérêt d'être aussi démonstratif mais l'argument du bronzage uniforme laisse les enfants sceptiques.


Devant la plage qui aurait du être étiquettée "pour nudistes". 
Nous continuons notre périple vers l'ouest, longeant la cote. Petit incident: le vent souffle à 15-20 noeuds et François tente de monter au vent jusqu'à 60 degrés avec le code 0. Il doit même monter plus haut pour éviter une petite embarcation. Soudainement, la drisse du code 0 se rupture. Nous mettons les moteurs au neutre en urgence. Nous la récupérons sans dommage mais en se grattant la tête sur ce qui a pu se passer. Finalement, c'est un petit oeillet protecteur manquant qui aura causé le frottement contre un côté coupant de l'ouverture du mat. À corriger en Espagne.  


Nous arrivons à Ciudadella. Magnifique cité qui devait être la capitale de l'ile. Mahon l'a finalement emporté. Encore une fois, nous comprenons pourquoi le site a été choisi pour ériger une ville, avec sa crique étroite et longue qui protège le petit port et le coeur de la ville du mauvais temps. 

Nous avons adoré cette petite bourgade tranquille et bien préservée. Ses petites ruelles, ses patisseries et ses odeurs nous ont conquis. Le mouillage par contre est moyen. Ayant un vent faible prévu du nord, nous faisons le choix de s'ancrer juste au sud de l'accès au port. Par contre, le fonds est dur avec de gros rochers. La petite passe à l'est est bien plaisante à faire en paddle et en snorkeling. François ira jusqu'au bout avec Théo et Naomi. De plus, ils annoncent que le vent changera de direction pour virer au sud. Nous ne resterons qu'une nuit en quittant le lendemain vers 13h, suite à la visite de la vieille ville.  


Côte Nord de Majorque, 28 septembre

Un autre cap juste avant d'arriver à Cala Figuera. Le bateau que l'on aperçoit donne une meilleure idée de l'échelle. 
Petite navigation de 5 heures. Au lieu d'aller vers le sud, nous décidons de silloner Majorque par le nord. La topographie du nord est totalement différente du sud. Nous rappelant les reliefs titanesques des autres iles méditéranéennes que nous avons visitées jusqu'à maintenant, les caps du nord saisissent. Premier arrêt: Cala Figuera. On se sent comme une petite fourmi sur le point de se faire écraser, entourés de ces grandes falaises. Les enfants se baignent de moins en moins souvent, le temps se rafraichi. 

Le lendemain matin, François monte au sommet du mat pour y réinstaller la drisse du code 0 avec comme fidèle assistante Annik, au commande du winch. Il aura fallu s'y prendre à 3 reprises à l'aide d'un allemand généreux pour y arriver. La formation continue, toujours aussi importante. Difficile de coacher Annik du sommet. 

Le capitaine à 20 mètres d'altitude. 


Nous longeons les coupes montagneuses sauvages qui semblent faire dans l'art abstrait. Ces tableaux pittoresques sculptés par le temps nous font aboutir dans un canyon forgé au fond d'une fissure géologique. Plaça d'en Vidal est situé dans le Torrent de Pareis. Le site est reconnu comme patrimoine mondial de l'UNESCO. 


Un tunnel piétonnier nous amène de l'autre coté où nous trouvons de petits resto et un quai. 


Nous continuons notre route vers l'ouest pour arriver à Santa Ponsa, sur la côte ouest. Une grande baie sablonneuse où nous pouvons nous poser en prévision de notre visite à Palma de Mallorca, le lendemain, 1er octobre. 

Notre passage dans la métropole historique des Baléares sera relativement rapide car les vents entendent changer de direction pour souffler du nord et augmenter en force. Le matin venu, nous nous dirigeons sur la grande ville, deux douaniers sur zodiac nous accueillent au mouillage, en face de la cathédrale. Probablement les plus sympathiques et les plus blagueurs que nous n'aurons jamais rencontré. 




On se retrouve immédiatement sur le boulevard saillis de palmiers, en pleine ville, nos sens éveillés après avoir galéré pour trouver une place pour le dinghy sur le quai des pêcheurs. On se dirige vers le marché municipal de Santa Catalina qui nous met l'eau à la bouche. Théo juxtapose des images réelles sur les rêves qu'il a d'attraper tous ces poissons frais. Tout est propre, attirant, vivant. 




La promenade se poursuit sur les grandes avenues pour nous diriger vers la vieille ville. L'histoire riche de la ville pèse, on la sent en déambulant. Les fortifications et la nature de son architecture dévoilent la succession des romains, byzantins, arabes et espagnols qui ont laissé leurs marques. La modernité prend toutefois le dessus. Mais les ruelles piétonnes conservent leur charme. C'est ce que nous aimons tant de ces visites à pied. Ce sont ces ruelles préservées qui nous replongent dans le temps comme s'il ne s'était jamais arrêté. 




Ibiza et Formentera, 2 au 6 octobre 

Le lendemain, 2 octobre, on se dirige vers la dernière étape des Baléares. Navigation de 13h avec un météo de 15-25 noeuds au largue qui lèvera une houle plutot inconfortable mais qui nous permet d'avancer à une bonne vitesse pendant les premières heures, avec une pointe record battu à 16,7 noeuds. Plus tard dans la journée, le vent faibli et on arrive sur la célèbre ile de débauche: Ibiza. 

L'amiral reprend son souffle après la petite granule et le ris pris.

Les lumières d'Ibiza
Nous mouillons à l'ouest du port avec l'intention d'y rester une nuit. Nous avons l'allée des grandes boites de nuit devant nous. Les Amnésias, Pachas et autres lieux alimentés au MDNA et aux rythmes dépravés relèvent d'un univers légendaire, voire imaginaire pour nous. Mais c'est là, devant nous. François aurait bien voulu y aller mais... On est pu jeune jeune, vous savez. 40 ans, c'est pas peu. 



Annik en profite tout de même pour aller à terre le lendemain matin et faire quelques courses au LIDL avec les enfants. Le supermarché est à 5 min. à pied du quai, toujours pratique lorsqu'on est à pied. Plus tard dans la journée, on décide de rallier Formentera, un ile à quelques heures à voile. Beaucoup plus tranquille, sablonneuse et turquoise. Probablement la dernière que nous verrons avant les Canaries. 


Formentera sera finalement le point de rencontre avec le voilier Saba, une famille française en mode TDM (tour du monde) avec deux enfants aux âges similaires aux nôtres dont un autre Theo, du même âge. Toujours sympa de casser la croute avec d'autres familles, discuter des joies, des défis, laisser les enfants jouer ensemble, libres de leurs actions sur la plage. 

Durant ce séjour aux Baléares, les enfants auront appris à conduire l'annexe. Ils ont aussi découvert les plaisirs de se faire tirer en paddleboard par notre super Honda 15 HP. 






Après avoir passé une nuit passablement rouleuse du coté ouest, la tramuntana, nous décidons de bouger de l'autre coté le lendemain venu, à l'Enseada de Tramutana. On ne mettra pas de photo mais ce spot fut très bien sauf pour les yatchs exubérants provenant d'Ibiza qui ont attiré notre attention. En fait, une attention déchainée de la part d'Annik qui n'en pouvait plus de voir des pitounes de pont topless se déhancher par un ratio de 1 homme: 20 sur une musique aux décibels largement excessifs rebondissant sur la falaise pour venir nous gifler en écho à répétition. Pour ceux qui connaissent Annik, ce genre de scène agit comme une pompe à humeur pour elle. François lui, fait semblant de ne rien voir en allant chasser sous l'eau, revenant les mains vides après 2 heures. 



Heureusement, comme la plupart des bateaux moteurs, ils ont quitté la baie avant la nuit tombée. Le lendemain matin, nous quittons pour une dernière nuit au sud de l'ile. Encore une fois, ce sont les falaises qui nous font danser autour d'elles pour parvenir sur la côte sud. Nous mouillons à Calo des Morts, une plage facilement accessible qui nous permet d'aller faire une rando sur la rive. De toute beauté. 

Nous ne sommes pas allés au marché hippie, ayant lu plusieurs commentaires négatifs indiquant qu'il s'agissait aujourd'hui de foires plutôt commerciales dénuées de l'esprit.  



Tout autour de l'ile, on retrouve ces petites cabanes et rails en bois rustique qui laissent deviner la place qu'occupaient les pêcheurs de la place. Notre virée sur Formentera nous aura permis de nous ressourcer avant d'entamer la descente vers le continent. Le lendemain matin, une fenêtre météo s'ouvrait pour une traversée directe sur Carthagène. A lire prochainement. 








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