La Corse, un séjour trop bref.

3.10.19

Du 12 au 18 septembre


Ah … chère Corse, il aurait été fort agréable de demeurer chez toi plus longtemps …  Nous nous sommes posés dans tes eaux cristallines et tes flancs montagneux spectaculaires trop peu de temps ! Que dire sur la Corse outre qu’elle est belle et naturelle, tout simplement. Elle est restée sauvage sur son littoral, limpide sur ses flots, majuesteuse en montagne. Nous y avons séjourné une petite semaine qui a passé à la vitesse lumière. 

La sépulture en souvenir des marins de La Sémillante, derrière. 
Sur notre chemin vers la Corse, après les Madalenas en Sardaigne, nous voulions arrêter aux iles Lavezzi, notre première escale française. Malheureusement, même si nous sommes hors saison, nous ne trouverons pas de place pour l’Alchimiste au mouillage. Cet archipel de 23 iles, ilots et récifs est plus que de simples gros cailloux ronds baignant dans les eaux translucides turquoises. C'est aussi là qu'ont été découvert des restes humains datant de l'ère préhistorique et néolithique. Mais en France, on se rappelle également de cette ile pour la tragédie nationale qui est survenue en 1855, lorsque la frégate La Sémillante transportant à son bord 773 marins et soldats s'en allant à la guerre de Crimée s'est fracassée contre ces rochers lors d'une violente tempête. Ils ont tous péris. Seulement 560 corps furent repêchés. Un drame horrible. Encore aujourd'hui, les conditions météo dans ce coin peuvent être intenses, l canal entre la Sardaigne et la Corse créant un entonnoir amplificateur pour les vents qui soufflent de l'ouest ou de l'est.  




Préférant être confortables au mouillage avec un bon rayon autour de nous pour vivoter, nous continuons vers les bouches de Bonifacio à quelques miles de là. Nous filons nord ouest par un vent  d'est de 15 nœuds. Nous mouillons l’ancre à Cala Di Paragnagnu,  une petite crique sympa 15 minutes dépassé Bonifacio. Un voilier des Glénans, une école sacro-sainte du monde de la voile qui possède une base dans la crique adjacente, viendra se mouiller près de nous, en plus des quelques bateaux déjà stationnés ici. C'est aussi la crique où Theo aura ses premières prises avec ... une canne en bamboo !



C'est la SAINTE PAIX. Malgré ce paysage féerique nous poursuivons l’école même si c’est parfois un CALVAIRE pour les enfants qui ne démontrent pas la ponctualité matinale et la motivation de faire leurs exercices habituels dans leurs cahiers ! En fait, nous sommes toujours dans la phase d'adaptation à ce niveau, nos avant-midi étant consacrés à l'école à bord. Il y a des bons jours et des moins bons. Les moins bons sont souvent lorsque nous arrivons dans des paysages comme ceux-ci et que la nature les appellent. Surpenant ? Heureusement, cette vie leur enseigne également autre chose. 


Le lendemain de notre arrivée, on décide de visiter la ville en après-midi via une petite balade d’annexe. Les vents sont moyennement forts, notre ancre bien mordue mais nous hésitons tout de même à quitter le mouillage. Nous avons une application pour surveiller et géolocaliser l'Alchimiste à distance mais là, nous serons un peu loin, nous laissant peu de temps pour réagir au cas où notre ancre décidait de chasser. Nous ne voudrions pas que notre maison flottante se fracasse contre ces murs rocheux colossaux. C'est toute notre vie finalement. 

Le capitaine va donc s'enquérir auprès des voisins français afin de solliciter des services de gardiennage, du babysitting pour notre précieux, l'Alchimiste. Leur magnifique dériveur de 13m, de modèle OVNI en aluminium avait piqué notre curiosité la veille. Ce dernier s’appelle Igloo. Ils acceptèrent avec plaisir et ce fut le début d’une relation qui deviendra rapidement très chaleureuse, inspirante et agréable. Ils surveilleront notre bateau le temps de visiter cette ville pittoresque.

Une ville construite au sein des falaises escapées. 

Un Catana nommé Kali
Bonifacio est une ville sublime, mythique et propre. Pour nous, elle cadre dans la même catégorie que les cités du Mont-St-Michel, Carcassone et tous ces lieux construits par le genre humain qui mystifient. Au plan architecture, pas du même calibre mais c'est la juxtaposition harmonieuse des traces humaines avec la topographie locale qui étonne. Pour nous, la visite de ces lieux semblent toujours un peu surréalistes. Cette ville perchée à même les falaises a de quoi surprendre. Malgré l’afflux touristique énorme que l’on peut ressentir autour de soi (et nous n'étions plus en haute saison), elle a su gardé son cachet, sa composition. La géographie des lieux a su être exploitée par les peuples successifs qui s’y sont établis. Sur l’eau, le long des falaises, plusieurs petites grottes sont à explorer. Les enfants étaient très excités. Quelques-unes paraissaient banales de l’extérieur, mais se révélaient grandioses une fois a l’intérieur; de vrai dômes de cathédrale aux éclairages mystiques, des cavités circulaires laissant entrer des filtres de lumières révélant l’eau sous notre annexe tel un saphir  !! Guy Laliberté n’a qu’a bien se tenir. Un spectacle grandiose, naturel et gratuit ! Après les Hou! Ha! Wow! du paysage, les mêmes mots s’enchaînèrent en débarquant au port. Pourquoi? Qu’est-ce ... ? Rêvons-nous? 


DES CONTAINERS !!! Les cinq ayant les yeux grands écarquillés (dans Bonifacioooo !), on s’exclame à nouveau WOW!  Il y a, imaginez-vous mesdames et messieurs, des poubelles et du recyclage logeant dans un grand local bien organisé à Bonifacio. Pas de doute, nous sommes maintenant en France. Fini l'italie. Nul besoin de galérer comme de vulgaires clochards trainant leurs sacs … de recyclage. Note de l’auteur : en Italie, nous avions moult difficultés  à trouver ces précieux conteneurs partout où nous avons foulé le sol ! Les rumeurs disent que sur les iles italiennes, la mafia contrôle toujours ce secteur très lucratif. 


Au-dela de ce fait divers, les rues longeant le port sont belles, les boutiques s’alignent les unes contre les autres faisant saliver les membres de l’équipage soit par les odeurs de produits locaux émanant des boulangeries, des boucheries, des bistrots, des épiceries, des fabricants de glaces, des boutiques aux encens divers. On y trouve tout : magasins de pêche, plongée, librairie. François est donc allé faire des achats à la chandlerie, type de commerce qui tient des stocks de pièces pour voiliers et autres éléments nautiques. Une marche dans les ruelles nous permet d’observer diverses vues panoramiques. Nous faisons un petit ravitaillement dont l'achat de deux bouteilles de camping gaz. Celles-ci qui nous couta la moitié du prix payé à Malte! 45 euros au lieu de 90. On réalise qu'on s'est fait f...


À notre retour, nous invitons nos gardiens Érick, 77 ans et Murielle, 75 ans pour un petit apéro à bord. Jusqu’à maintenant, nous n’avions pas fait beaucoup de social, involontairement et sans forcer les choses. Mais ce couple est tout à fait inspirant. Il s’agit des plus expérimentés et âgés loups de mer marins que nous avons croisés et que nous croiserons probablement pour les deux prochaines années. Ces deux personnes cumulent plus d’une centaine de milliers de miles nautiques. Ils ont fait le tour du monde avec leurs enfants il y a déjà plus de 50 ans, à l’époque où très peu d’outils de navigation existaient si ce n’est des cartes approximatives et du sextant. Ils en ont des histoires à raconter! Ils sont mêmes de bons amis à Jimmy Cornell, le gourou nautique des routes maritimes à privilégier pour un tour du monde, d'un continent à l’autre. Ces deux gentils loups des mers ont navigué plusieurs années avec lui. Ils également fait la Scandinavie, le Groenland, l'Arctique, l'Antartique, d'où le nom de leur voilier. Quelle belle première occasion de fraterniser et socialier avec d’autres marins francophones. 


Nous passerons la semaine avec eux à caboter d’un endroit à l’autre, à souper tous les soirs ensemble pour écouter leurs nombreuses histoires les plus accadabrantes les unes que les autres! 

Avant d'arriver à Roccapina, nous passons une nuit à la plage d'argent. Ces nombreuses criques plus belles les unes que les autres nous apaisent. 

Les enfants tomberont instantanément en amour avec ce couple accueillant et inspirant. Murielle a un coeur d’enfant qui déborde d’imagination. Dans l’euphorie du moment, elle propose aux enfants de faire une parade avec les drapeaux canadiens sur la plage tout en chantant l’hymne national. Elle insiste qu’il doit y avoir beaucoup de spectateurs; des fous rires s’enchaînent. La parade n’aura pas lieu mais le simple fait de s’imaginer la scène est suffisante pour en rire pendant les jours qui suivront.

L'Achimiste seul au mouillage dans la Cala Roccapina
Emma

Plage d'herbju
La route conjointe se poursuit et nous nous posons à Roccapina, y visitons le fort. Cette petit rando fort agréable nous permis de voir la baie sous un angle de 360 degrés. Le lendemain, une cueillette de coquillages avec Murielle et les enfants est organisée, une longue marche sur la plage à ricaner ensemble pendant que François essaiera son drône. Murielle amasse des tonnes de coquillages et débris de la mer et les transforme en œuvre d’art.  

Une passion partagée de Murielle et Annik, qui ont été transmis aux enfants. 
En début d’après-midi, les enfants partiront faire de la voile avec Murielle et Érick sur Igloo. Une petite pause d’enfants. Ouf. Le soir venu, au menu : crêpes bretonnes confectionnéés  par Murielle. Il s’agira d’une orgie de sucre, chacun partage tous les ingrédients sucrés qu’il peut trouver à bord : sirop d’érable, sirop de Liège, mélasse, cassonade, confiture framboise, confiture de mûres,  miel de châtaignes, beurre d’arachides : la totale quoi!




Le lendemain, nous irons à Senetose, là où nous découvrirons avec Érick les plaisirs de la cueillette d’oursins. Annik est légèrement dédaigneuse de la chose, s’imaginant la gluanteur. C'est le cas, mais son gout n’est pas si mal.  Les fonds marins sont très accueillants pour les visiteurs comme nous et ces petites bêtes qui aiment se coller aux parois rocheuses. Nous en ramasserons 2 seaux en moins de 30 minutes et en mangerons une bonne trentaine.  Les autres seront remis à la mer. L’oursin pique si on met le pied dessus, la technique pour le ramasser est donc fort simple, on prend une cuillère à soupe en métal et on le décolle gentiment. Ensuite l’invertébré peut-être pris dans les mains. Il tentera de s’enfuir par contre… Les enfants raffoleront de cette activité. Il y en a des centaines. Érick les découpera en prenant soin de sélectionner les plus dodues et colorées, les brunes et les mauves. Il faut porter des gants pour la découper et s’assurer de bien nettoyer les épines sur le bateau pour éviter de se les enfoncer dans les pieds et gérer une infection à bord…  On dégustera en apéro, suivi d’un repas de pâtes.  Succulent. On regrettera de ne pas avoir fait la vaisselle ce soir là. Activité qui est toujours réalisée après les repas, normalement… sauf celui-là. Ainsi, on s'évite des odeurs et, on l'apprend à nos dépends, des immigrants clandestins.

Aux petites heures du matin Emma s’exclame : un RAT! Elle s’est fait réveiller par une petite bête moustachue. Un face à face qui la traumatisera pour quelques jours. La bête longeait le plafond de sa chambre. Et oui, les rats nagent pour ceux qui ne le savaient pas. Il a nagé sur 200 m pour rejoindre nos pattes d'oies et les escalader. Pour ceux qui se posent la question, aucun autre possibilité n'existe. Nous n'avions été au port qu'à Olbia, 2 semaines auparavant. Donc, pas de possibilité que cet ami ait été parmi nous depuis ce temps. Souvent, sur la Méditéranée, les rats grimpent à bord par les amarres au quai. Mais là, ce n'était pas le cas. Ce matin, le rat avait mangé la moitié d’une pomme et avait pris soin de nous laisser des cadeaux bruns un peu partout tant à l’extérieur qu’à l’intérieur.



Branle-bas de combat. Nous nous dirigerons rapidement vers la prochaine ville pour s’acheter des armes de destruction massive : une trappe ‘Lucifer’, du poison, une cage à rat. Nul besoin de vous dire qu’un rat à bord fait du grabuge. Propriano sera l’endroit de prédilection pour l’achat en question.  Ensuite Campomoro, là où nous rejoindrons nos compagnons. Malheureusement, ce soir-là, il n’y aura pas de décès; le contenant de compost était resté ouvert et la bête avait dévoré des pelures de pommes au lieu de se faire coincer dans Lucifer. Nous finirons par le tuer celui-là.  À Campomoro, nous irons faire une belle balade pour découvrir le fort et y voir encore une fois des vues spectaculaires.  Murielle offrira un cours d’arts plastiques aux enfants et initiera un jardin que nous aurons à bord, planté collectivement.



Après une bonne journée remplie, nous aurons notre dernier BBQ avec nos amis pour déguster avec eux les 4 poissons pêchés par Théo en moins de 10 minutes!

Un grand merci à vous deux pour cette belle semaine!

Lorsque la nuit tombe finalement sur cette dernière soirée conjointe, le RAT trouvera sa mort en moins de 15 minutes, la nuque coincé dans la trappe. Iil ira bel et bien en enfer rejoindre Lucifer ;-)

Tôt le matin, nous quitterons  en direction de Mahon, Iles Minorque, Espagne une navigation de deux jours.

Nous aurions bien aimé aller jusqu'à Ajaccio et continuer à explorer la cote mais la météo en a décidé autrement. Ce fut trop bref. 


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