La Sicile, ile d'envergure légendaire

31.8.19


Ce qui nous attend est grandiose, une ile sculptée par le temps et la démesure de ses falaises, caps et rochers qui nous accompagneront tout le long de notre cabotage le long de ces côtes millénaires. Cette envergure des paysages auront surement inspirés les peuples qui s'y sont succédés. Elle se retrouve dans l'architecture et les arrangements urbains de ces villes et villages singuliers figés dans le temps. 



Nous partons de Malte le 12 aout vers 18h00 pour une traversée vers le nord. Direction Syracuse, Sicile. 18h00 car nous souhaitons arriver de jour. De petits vents d'ouest de 5 kts nous portent doucement vers le nord. Nous arriverons à 10h00 am le lendemain, petite navigation en douceur. Quoiqu'il en soit, le capitaine passera une nuit blanche et l`amirale également n'arrivera pas à dormir. De toute façon, c'est presque la pleine lune. On se tiendra compagnie jusqu'au petit matin, où nous oscillerons entre les pêcheurs et leurs filets. À ce jeu, pas besoin de Red Bull !!


Syracuse, du 13 au 17 août 


Fatigué, nous jetons l'ancre dès notre arrivée pour dormir une bonne partie de la journée. La baie de Syracuse est impressionnante tant par son histoire, la protection qu'elle offre et l'eau sale qui nous entoure. Le fond du mouillage est bon, ça tient bien dans une vase bien épaisse. Les enfants hésitent avant de sauter à l'eau. Des trucs louchent flottent autour du bateau. C'est pas les eaux turquoises qu'on s'est fait promettre en Sicile. Mais bon, nous sommes ici pour les formalités. Nous en profiterons donc pour compléter les démarches officielles pour enregistrer l'entrée du bateau en Italie et son "constituto". Un genre de visa pour le bateau, document que nous devrons trimballer avec nous de port en port. L'administration nous rappelle un peu la Tunisie. Lente et lourde mais sans l'ombre d'un bakshish.





Nous profiterons également de notre première journée pour aller faire un tour au marché. IL FAIT CHAUD. On en profite au passage pour tous s'acheter des chapeaux siciliens. La sueur se retrouve dans toutes nos craques inimaginables et abaisse notre seuil de tolérance à un bas niveau.


Nous apercevons au loin le méga Yatch Katara qui arrive à quai près de nous. 75 membres d'équipage pour 39 passagers. Proprio: l'Émir du Qatar. Rien de moins. Notre Lagoon est réellement une chaloupe à coté de cette exubérance. D'ailleurs, Syracuse et sa baie semblent être une destination de choix pour ces mega yatchs, nous en verrons valser plusieurs durant les quelques jours que nous y serons.




On décide de rester une journée de plus pour assister à la procession de Marie de l'Assomption. Le matin, on se balade sur Ortigia, vieille ville de Syracuse. On l'a déjà mentionné ? IL FAIT CHAUD. On décide que l'ombre sera notre guide. On la suit jusqu'aux fortifications. Mais le soleil s'acharne et nous repousse vers l'Alchimiste pour aller s'armer de nos armes ; masques et tuba pour profiter de l'eau plus claire au ras les fortifications. 


Cette procession est un évènement folkorique et religieux qui se déroule un peu partout dans le monde mais la particularité de celle qui se déroule à Syracuse et dans certains ports de Sicile mérite mention. En effet, suite à une célébration pastorale, une statue de la Madonne est portée à bout de bras jusqu'à la berge. Elle est ensuite élevée sur un navire, avec tambour et trompette pour ensuite être escortée par une horde de bateaux qui klaxonnent en la suivant jusqu'au milieu de la baie. Le but: que le prêtre bénisse la mer en son nom et qu'elle protège les marins qui s'y aventurent. Quand même envoutant comme expérience. Les enfants étaient dans un état second, en suivant la procession au clair de la pleine lune, en annexe! 


Le 16 août, nous en profitons pour aller faire un tour du coté de Necropolis, au centre de la ville pour aller voir le théatre grec et les ruines qui l'entourent. Une petite épicerie au passage, on en sort armés de paquets de bouteilles de 2 L. Ce qui nous pèse sur la conscience jusqu'à maintenant est la quantité de bouteilles de plastique que nous consommons. Bilan, nous buvons 15 litres minimum par jour. Oui, nous avons un dessalinisateur à osmose inversé qui converti 160 litre d'eau salée à l'heure. Mais qu'en est-il de sa potabilité ? Nous réfléchissons sérieusement à la traiter au chlore pour éviter toute contamination bactérienne dans nos réservoirs contenant 600 litres. Premier test dans les prochains jours.

La gestion des déchets et du recyclage nous fait prendre conscience des quantités de rejets que nous produisons. Lorsqu'on débarque en ville, on se dit qu'on a l'air de "robineux" avec nos sacs d'épicerie réutilisables remplis de détritus ou matières recyclables. Les conteneurs n'étant pas souvent au bord de la plage ou à la marina, contrairement à ce qu'on pourrait penser. En fait, la gestion des matières résiduelles nous déçoit en Italie. La propreté et la sensibilisation sur l'usage du plastique et du recyclage y sont déficients.  

Taormine, 17-18 août


On cherche une petite escale entre Syracuse et les éoliennes. La destination retenue sera sur le chemin et se révèlera un beau cadeau pour le 40e anniversaire de François. Une bourgade ancienne perchée au sommet des falaises, au pied du grand volcan Etna. Taormine et Castelmora, plus haut, nous surprennent. Nous arrivons juste à temps pour se mouiller et contempler le coucher de soleil. 



Malheureusement, point de vue voile, un peu moins plaisant. Les vents étant toujours très faibles ou contraires à nos caps, on navigue majoritairement au moteur. Nous ne pouvions quitter sans aller visiter les hauteurs de ces villages forteresses. Un bus à 3,80 euros chaque aller-retour et hop, jusqu'en haut. 

Les Éoliennes, du 19 au 22 août 

Initialement, on avait prévu aller faire un tour en Grèce. Nous avions même repoussé notre date de traversée de l'Atlantique en partie pour cela, pour avoir plus de temps. Force est de constater que cette idée était géniale pour ce que nous verrions dans les îles réputées pour leur beauté mythique. Par contre, le temps et la distance que nous devrons couvrir commence à nous refroidir, sachant de plus que la météo est exigente avec le Meltemi qui souffle chaque après-midi et qu'à partir de septembre, davantage de dépressions pertuberont l'atmosphère de la Méditéranée. Nous prenons donc la décision de remettre cette visite à une autre époque de nos vies. 

Cependant, nous décidons d'aller visiter d'autres iles qui, dit-on, sont tout aussi légendaires; les éoliennes. Des iles formées par les éruptions volcaniques successives au cours des derniers millénaires. Nous passons le détroit de Messina, 2e fois pour François. Étrange sensation. Nous y voyons des pêcheurs traditionnels de "swordfish" qui élisent en masse cette jonction de courants entre la mer tyrhéenne et la mer ionienne comme environnement de vie. Ces pêcheurs ont conservé cette méthode traditionnelle de pêche pour harponner la bête après qu'elle fut identifiée par le collègue perché la haut !!!




L'arrivée à Vulcano est à 19h15, à temps pour un coucher de soleil grandiose du coté ouest de la pointe, à porto di ponente. Un mouillage très occupé avec des dizaines de bateaux au mouillage et des va-et-vient très fréquents et irrespectueux pour les vagues qu'ils créent. Le mouillage reste très bien protégé par rapport aux vents que nous avions, bonne prise au sol, à proximité de la plage de sable noir, des sentiers du volcan.



Majestueux ce volcan, nous profiterons des prochains jours (toujours très chauds) pour aller se baigner les pieds noirs de sable, à éviter pied nus: conseil d'ami! La balade au sommet du cratère est inoubliable. C'est le cliché parfait de ce qu'on peut imaginer d'un volcan. Occasion parfaite pour sortir le drone afin d'y effecteur le vol inaugural au-dessus du cratère. Les enfants étaient enchantés, eux qui avaient été renseignés par un centre d'interprétation sur les volcans juste avant l'ascension.



Le 22, on quitte vers un autre volcan, moins éloquent mais aux eaux cristallines. Filicudi vaut le détour. Nous coucherons à la pointe sud-est, bien protégée des vents qui soufflaient du nord. 

Cefalu, 23-24 aout

Encore une fois, on annonce une mer plate. Un avari sur l'autopilote survient. On prendra la barre pour les prochains jours. C'est fou comment on a vite adopté ce nouveau membre d'équipage que nous n'avions pas sur notre voilier précédent, Zahir. Après avoir passé quelques heures à Filicudi pour tenter de solutionner le recalibrage, le capitaine abandonne et prend rendez-vous avec un technicien Raymarine que nous rejoindrons à Palerme.




Notre arrivée à Cefalu se fait à 15h40 dans un petit port pittoresque au pied d'un cap titanesque qui nous domine d'un coté et de l'autre, une plage et une cité médiévale qui nous fait remonter le temps avec ses petites ruelles, ces marchands de fruits et de poissons qui déambulent à moto pour liquider leur produits frais, les granites et bibites qui désaltèrent. Franchement charmant cette bourgade. Au mouillage, les enfants sont tout le temps à l'eau. Sinon, Theo teste sa canne, tente d'attirer le moindre méné, avec du pain ou autre appât en vain, mais il persévère. 




On marche beaucoup, les enfants suivent. Content qu'ils aient cet age. Ils ne se plaignent pas, découvrent et demandent ... des granités, rafraichissement à moitié chemin en une slush (barbotine) et sorbet. On peut comprendre. IL FAIT CHAUD.


Palerme 25 aout

On met le cap vers la marina Si.ti.mar à Palerme. Première fois que nous irons nous mettre à quai pour 24 heures seulement. À 91 euros, le choix se fait rapidement. Par contre, très bien situé dans ce port d'une saleté abominable, tel un lait au chocolat caillé aux dires d'Emma. Rien de bon pour les deux coques de l'Alchimiste. D'un brun.... mais au moins à quelques pas de la vieille ville de Palerme. Nous profitons de l'après-midi pour aller déambuler dans ces rues. Je me permets de piquer une citation d'Hélène et Bertrand du voilier SABA, un batocopain qui était là en même temps que nous. Malheureusement, on s'est raté de peu. On rejoint tout à fait ses propos, nos constats sont les mêmes. :
"PALERME, tout en contraste !
S'il fallait choisir un "mot d'ordre" pour décrire Palerme, c'est "CONTRASTE" qui s'imposerait après 2 jours à déambuler dans la 5e plus grande ville d'Italie. Au cours de nos flaneries piétonnières au gré des joyaux architecturaux de cette ville d'histoire, nous avons pu observer avec beaucoup de curiosité teintée d'un certain étonnement:
  • Ces anciens palazzi de toute beauté qui cotoient sans état d'ames des façades laminées par le temps, parfois totalement lépreuses. 
  • Ces vastes boutiques de marques internationalement connues, étincelantes dans leur sobriété épurée, jouxter de petites échoppes multicolores et surchargées de pacotilles indiennes à bas prix
  • Ces chieses innombrables qui jalonnent presque chaque place ou intersection de la vieille ville, et constituent un mélange improbable d'influences normandes et arabes. 
  • Ces dômes étincelants de couleur qui invitent à regarder le ciel et à s'ouvrir à la spiritualité, alors nos pieds trainent dans une fange de déchets plastiques innommable. 
  • Ces senteurs émoustillantes émanant des trattorias et autres snack de rue, promesses de véritables délices gustatifs, qui téléscopent parfois (souvent) des effluves autrement plus douteuses. 
  • Ces marché à ciel ouvert et ces étals improvisés à l'arrière d'une camionnette ou d'un simple "tuk-tuk" qui figurent d'institution dans certains quartiers 
  • Sans oublier bien entendu cet art de vivre du "bel farniente", où l'on prend le temps de vivre, d'échanger, de partager, dès le pas de sa porte, malgré la cacophonie d'interpellations et de klaxons qui émaille le quotidien de cette ville si intensément vivante. 




Beaucoup de marche, sur plusieurs kilomètres à travers ce centre-ville transformé en zone piétonne géante. Nous visitons un musée sur la mafia sicilienne.


Annik et les enfants tenaient également à joindre les catacombes des frères capuccins, situé à 2,3 km de où nous étions. Cette petite rando en a value la peine. Nous devrons faire un peu plus de lecture pour comprendre cette pratique ancestrale qui consiste, encore aujourd'hui à entreposer et exiber tous ces corps et squelettes atrophiés et bien rangés. Le silence s'imposait.


Bref, une expérience sensorielle fantastique cette balade à Palerme. Le lendemain matin et 305 euros plus tard, le technicien Raymarine ramène notre ami le pilote à la vie. Nous pouvons quitter après avoir donné une première douche d'eau fraiche à l'Alchimiste. Sans pluie depuis le départ, nous remarquons que la corrosion a le goût de se pointer le nez. On en profite également pour faire une bonne épicerie en prévision de plusieurs jours d'autonomie, jusqu'à 7-8 jours, question de ne pas stresser avec cela. On apprécie cette autonomie que nous n'avions pas sur le lac champlain avec Zahir. Complètement autonome au plan électrique avec les 1000w de panneaux, 800 Ah de batterie, de notre groupe de 7,5 kw qu'on allume seulement 1h par jour pour alimenter notre dessal de 160l/heure. Nos eaux grises qui peuvent être déversées au large, sans "pump out", nos 2 frigos et 1 congélateur, nos 4 toilettes électriques, notre lave-linge, inverter 2000w, etc... l'espace à bord. Même si ce n'est pas la vie de terrien et qu'il reste de nombreux compromis, la vie à bord est confortable. Elle nous permet de se concentrer sur ce que nous voyons et vivons.

San Vito Lo Capo 26 août 


Les falaises et les monuments qui longent les cotes s'étendent jusqu'au point le plus lointain au nord-ouest. Encore une fois, spectaculaire. Un paysage qui invite à la méditation et qui laisse pantois. Dernier plein avant la traversée vers la Sardaigne. La dernière fois que le capitaine s'était arrêté ici, c'était juste avant sa traversée vers Tunis. Nous choisissons de rester amarrer au quai de la station d'essence gratuitement, nous protégeant ainsi des vents du nord. Étant les derniers de la journée, les employés nous laisse gentiment y dormir sans frais à 5 am, les bateaux de pêches et d'excursion nous entouraient, défiant l'un et l'autre pour être les premiers à la pompe pour l'ouverture.


On se rappelera de la Sicile longtemps même si nous y sommes passés trop vite. On s'ennuiera des bourgades dans lesquelles les vieilles dames semblent les mêmes que nous voyons sur les photos des années 50, s'amusant au pas de portes, à nourrir les pigeons, à regarder les citadins et touristes passer. La Sicile, c'est vivre l'histoire au présent, voir l'envergure des paysages et de l'architecture en pensant qu'ils sortent tout droit des légendes d'Homer. 

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