2 jours après la transat, la mère et le frère de François débarquent de Montréal pour se joindre aux Alchimistes, en Martinique. Nos batteries ne sont toujours pas complètement rechargées mais de revoir nos proches augmente le niveau d'énergie de tous, soudainement. Nous sommes ancrés au Marin, près du carénage et du Leader Price. Un supermarché qui a un ponton dédié pour les annexes des bateaux stationnés dans la baie du Marin et par extension, ceux de Ste-Anne. Tu arrives au quai, tu débarques, tu prends ton panier, tu marches 2 minutes et ça y est, tu es à l'intérieur. Pour nous, c'est du jamais vu. Parfait pour ravitailler !
Nous ne perdons pas trop de temps car le planning est déjà décidé. Aline et Simon resteront 1 mois avec nous. Un mois, ça peut sembler pas mal mais ça peut également passer très rapidement. Plan de match, on monte vers le nord et le plus rapidement possible et on revient ensuite plus lentement. À priori, les BVIs nous semblent hors de portée car le retour nous semble assez prononcé au niveau de l'allure. Tirer des bord en cata sans dérive, pas la meilleure idée. La météo nous semble plutot favorable et sportive. Les alizés sont stables mais vigoureux, avec des 25-30 noeuds annoncés dans les canaux (passage entre les iles) pour les prochains jours.
Avant de partir, on change la pompe de groupe. On répare de petits trucs et hop, c'est parti ! C'est un beau cadeau de recevoir la famille pour la 1ere fois depuis le départ. Un beau cadeau pour la fête de 3 moussaillons à bord. Nous commencerons le voyage avec une séquence d'anniversaire. 8 février : Naomi. 9 février : Simon. 11 février : Emma !!
Première destination au départ du Marin: St-Pierre au nord de la Martinique. Ancienne capitale de l'ile, St-Pierre nous donne une impression de nostalgie. On y verra bien passer un mini-carnaval dans la rue mais ses batisses aux nuances de gris, de noir et de blanc semblent avoir immobilisées ce village dans le temps. Gisant au pied du Mont Pelée, cette bourgade de quelques milliers d'habitants n'a pas oublié la terrible éruption de 1902, lorsque le volcan s'est déchainé sur sa population, emportant plus de 28 000 personnes et détruisant tout sur son passage.
Au marché de St-Pierre. |
On profite également de notre passage à St-Pierre pour faire notre premier "check-out". Dans les iles françaises, les autorités ont sous-traité cette démarche administrative à des privés. Au Marin, c'est à la capitainerie que les démarches se font, sans aucun présence douanière ou policière, moyennant 5 euros. À St-Pierre, nous irons au petit resto L'Alsace à Kay qui a réservé un petit PC près de la salle à manger pour les plaisanciers. Plusieurs cases sont à remplir puis formulaire s'imprime juste à coté. Nous sommes en France, cachet obligatoire. Prévoir 30 minutes.
La route se poursuit donc dès le lendemain vers la Dominique. Première vraie grosse navigation pour notre nouvel équipage avec des pointes à 35 noeuds de vent, 2 ris et des petits régurgis pour frérot, question de bien sentir l'expérience. Normal, l'amarinage est une étape nécessaire. Aline tient le cap, la houle élève les vagues à 3m. Heureusement que l'angle est bon. On file à une moyenne de 7 noeuds au travers. En arrivant du sud, le relief imposant du massif de la Dominique impressionne. Nous décidons de mouiller directement au pied du village Sibouly, avec comme arrière-scène sa vallée abrupte et ses jappements de chiens errants.
On s'en tient au plan de match. Le matin venu, on file vers la Guadeloupe pour faire un premier arrêt dans l'archipel des Saintes. Nous comprenons rapidement que notre arrivée tardive n'est pas idéale pour s'accrocher à une bouée pour la nuit. Il vente également très fort et nous sommes toujours en haute saison. Toutes les bouées sont prises. On avait lu qu'il fallait arriver tot le matin pour pouvoir se chopper une boule. Qu'il y avait en quelque sorte une petite guerre quotidienne des bouées car leur nombre est inférieur à la demande en cette période de l'année. Finalement, on s'ancrera, à l'ouest de l'ile à Cabrit. Il faut rester vigilant car, la profondeur chute drastiquement à quelques mètres du rivage qui est interdite au mouillage à l'ancre. Aussitot arrivés, nous sautons à l'eau pour voir nos premiers coraux du coin.
Vue du pain de sucre où nous retournerons lors de notre retour de la boucle. |
Le 12 février, on trace jusqu'à Malendure, sur la cote ouest de la Guadeloupe. Une plage superbe, juste à coté de la célèbre réserve Cousteau, où de nombreuses espèces de poissons, coraux et faune marine abondent. Les tortues viennent nous saluer au mouillage mais on reste à bord, car les rafales de vent sont puissantes, au-dela de 40 noeuds. Première fois que notre ancre décroche, en plein de jour. Une chance. Pourtant, nous étions à 8 mètres de profondeur sur un sable idéal.
Les enfants commencent à raler un peu car on ne fait que naviguer, sans débarquer à terre. Les explications sont données (pour ne pas perdre de temps sur les formalités) mais ne passent pas la rampe. L'objectif est rappelé: on monte au nord le plus rapidement possible puis nous redescendrons plus lentement pour en profiter. Plus qu'un canal à faire au travers, vers le nord, nous visons Jolly Harbor à Antigua.
En arrivant à Jolly Harbor. Petite excursion à la plage. |
Superyatch au quai des formalités de Jolly Harbor. |
De bons vents soutenus et quelques grains nous accompagnent sur le canal. Nous décidons d'aller à l'ouest. Nous sommes surpris par la couleur de l'eau qui est conditionné par une profondeur très faible à une très lointaine distance du rivage. Enfin, nous débarquons à terre en troupe pour aller explorer cette partie de l'ile qui semble en être une de contraste avec ces mégayatchs et son épicerie IGA complètement hors de prix. Le mouillage est magnifique, la plage sublime. Les formalités d'entrée faciles. C'était avant le COVID-19. Le lendemain, nous irons juste de l'autre coté de la baie. Un endroit de rêve. Les enfants s'amusent sur des rochers qui font exploser un jet sous pression avec la houle dans la Baie de l'Hermitage.
Baie de l'Hermitage |
Pour monter vers le nord, nous contournons l'ile par le sud. Les récifs de coraux sont à surveiller. Nous passons tout près de English Bay pour soudainement apercevoir le fameux Maltese Falcon, mouillé. Disponible en charter à 400 000 euros/semaine !!!
On se retrouve sur la pointe est de l'ile, pour mouiller à Green Island, près de non-such bay. Un spot pour les initiés du kitesurf ! Un vent soutenu nous garde bien aligné vers le large, au-dela de la barrière de corail qui nous couvre de la houle.
Green island |
Le lendemain, un autre paysage de carte postale nous attend. On met les voiles, toujours au travers, on avance au milieu de quelques grains, sous des vents soutenus de 25-30 noeuds. À chaque fois que nous prenons la mer, le cycle est le même pour mononcle Simon. Après quelques minutes, il s'étend, ferme les yeux et débute une longue lutte contre le mal de mer. Parfois, il s'assoupie.
Premier Barracuda de Theo juste avant d'arriver à Barbuda |
Cocoa Beach |
Après quelques heures, nous arrivons à Cocoa Beach, sur l'ile de Barbuda. De loin, on arrive à peine à apercevoir l'ile tellement c'est plat. La plage, le sable, la couleur de l'eau. C'est complètement surréaliste, un endroit paradisiaque. Un lieu presque à nous seuls à quelques voiliers près le long d'une berge aux eaux cristalines et turquoises contrastant sur un ciel qui passe du bleu au gris foncé via des nuages chargés au large.
Une plage de 14 km presque déserte sauf un petit hotel authentique de niche pour une clientèle aisée mais mordue de kitesurf car le spot, lui, est parfait. Le Barbuda Ocean Club et son cocoa landing accueille les gens en hydravion. Plusieurs arriveront et repartiront pendant les 2 jours où nous y resteront. Top exotique pour les nantis venus d'un autre monde en quête d'évasion et d'expériences dignes d'une scène de film hollywoodiens. Au mouillage, d'immenses tortues occupent la place. En soirée, l'une d'entre elles vient nous saluer. Sa taille est immense ! Tout l'équipage est très impresionné.
Derrière cette façade charmante, il y a aussi une trace de désolation laissé par l'ouragan IRMA en 2017 qui a complètement ravagé l'ile et sa population, détruisant tout sur son passage. Les habitants de Codrington, seule ville de l'ile ont du se refugier pendant quelques mois sur Antigua, le temps de reconstuire un minimum.
Avant de reprendre la route vers St-Barth et St-Martin, nous devons passer par Codrington, un petite bourgade dévastée, pour faire notre clearance out. Et cela relève de l'exploit car il faut d'abord s'aligner une passe, une brèche créée par Irma pour accéder au lagon. Attention, il faut vraiment la prendre au centre, sinon les déferlantes peuvent faire tourner le zodiac. Aline se joint au capitaine pour ce trajet qui n'est pas de tout repos car il ne reste qu'une heure avant la fermeture des douanes qui ne nous ont jamais répondu ni au VHF, ni au téléphone. Une fois arrivé au ponton après avoir traverser le lagon de 2 m de profondeur pendant 5 minutes, une foule d'enfants curieux observent la scène. Il faut être perspicace pour trouver les douanes. Il faut marcher 15 minutes à travers les petites rues jonchées de maisons à moitié placardées. Les plaies semblent encore vives mais la population est revenue, les chiens errants aussi. Les gens saluent le passager timidement. C'est dans une petite maison avec une affiche discrète qu'une agente accueillera le capitaine, offusquée, que de son arrivée à cette heure tardive. Avis aux plaisanciers: il faut respecter les heures d'ouverture. On ferme à 16h !
Nous pouvons quitter vers St-Bartelemy (St-Barts), petite ile dont la réputation pompeuse semble surfaite. Nous mouillons à Gustavia après que Simon ait pêché son premier poisson, un barracuda. Dommage, on ne risquera pas de le mettre sur la table à manger, de peur de contracter la ciguatera.
Notre visite de la petite ville de St-Barts sera rapide. Les vue sont magnifiques, les mégayatchs de millionaires y sont nombreux, les rues marchandes et piétonnes collectionnent les adresses de grandes marques de luxe. On passe vite, mais on réussit tout de même à trouver un snackbar pour un burger et une Heinekein. Ce petit bar sympathique avec terrasse en plein-air est nommé Le Select et semble faire partie de l'histoire locale. Il situé au centre du village et convient à notre portefeuille contrairement à l'épicerie fine adjacente qui offrait ses petits pots d'olives à 17 euros.
Strike the pose |
Glissade svp. |
Nous irons faire un petit tour à l'Anse aux Colombiers mais celle-ci se révèle beaucoup trop prisés par les plaisanciers. Nous décidons plutot de filer sur l'Ile Fourchue, à mi-chemin entre St-Barts et St-Martin. Avec les charters locaux qui y viendront plus tard dans la journée, nous avons pris la bonne décision d'y venir tot le matin. Nous sommes entourés de falaises. L'environnement est ennivrant, les couleurs vives. L'endroit protégé. On décide de mettre les pieds à terre pour un hike afin se dégourdir les jambes. Magnifique.
L'Ile Fourchue |
Déjà presque 2 semaines de passées depuis l'arrivée de monconcle Simon et grand-maman Aline. Nous devions nous garder du temps pour redescendre au point de départ mais nous nous étions fixé comme objectif de rejoindre l'ile de St-Martin pour boucler la boucle. On contournera donc l'ile par le sud, coté hollandais, avec tous ces bateaux de croisières amarrées, ne connaissant pas encore l'amplitude de la crise à venir.
Pour l'instant, c'est l'autre crise qui a laissé des cicatrices béantes derrière. Irma est encore visible de partout. Des carcasses de bateaux échouées dans le lagon, dans la Baie, des monticules de ruines, des épaves d'auto empilées sur les bords de rue. On ne s'attendait pas à ces images d'une région qui fait normalement parti de deux puissances européennes. À part certaines facades au port qui ont été révonés, on voit que la population ne s'est pas encore relevé de l'épreuve. Les immeubles et les locaux souffrent toujours, une grande pauvreté est perceptible. Ce n'est pas à cela qu'on pense lorsque St-Martin est évoqué comme destination de rêve.
Dans la Baie de Marigot, du coté français, l'eau est saisisante. Le mouillage est vaste et bien protégé. L'autre raison pour notre passage ici était de s'approvisionner en pièces qui se vendent à une fraction des prix de la Martinique. St-Martin est un territoire tax-free ! Exemple : le même écran d'autopilot Raymarine se détaille à 430 euros au lieu des 750 euros au Marin.
Dans la journée, au mouillage, une scène incroyable se dévoile sous nos yeux. Une carcasse de tortue en décomposition se fait bouffer par deux requins. Attirant du coup une audience de dinghies qui tournent autour de la scène. Les enfants partent voir de près de brunch live en annexe.
Tout le monde nous racontait que Grande-Case était un incontournable de St-Martin. Nous y sommes arrêtés pour la nuit. En fait, un peu déçu de la place, avec les avions qui n'arrêtaient pas de passer au-dessus de nos têtes pour se poser tout près. Nous ne sommes pas allés à terre mais à ce qu'il parait, ce sont les restaurants, l'art culinaire et la bouffe locale qui en vaudrait le coup. Nous dirigeons plutot vers la Baie Blanche sur l'ile Tintamarre. Un coup de coeur cette fois.
L'ile était remplie de Bernard l'Hermite. |
Des bouées gratuites près de la plage sont disponibles. L'endroit est sous le vent. Tintamarre est une ile déserte ayant quelques iguanes et rats comme habitants. Une ile idéale pour se prélasser et s'installer pour un bon BBQ sur la plage. Le premier depuis notre arrivée. Enfin, nous en profitons pour relaxer. Le rythme de ces 2 premières semaines à remonter vers le nord a été rapide. Beaucoup de navigation de jour. Nous aurions pu filer plus rapidement encore si nous avions choisi de naviguer de nuit mais la fatigue aurait davantage été au rendez-vous chez le capitaine et son adjointe. L'école a pu se poursuivre la plupart du temps. Notre descente vers le sud sera plus lente.
Naomi qui fait des cabrioles |