Le Cap-Vert, beau de nature.
22.3.20
Arrivés directement sur l'ile de Sao Vicente, nous explorons les berges de Mindelo dès le 2e jour. François complète les formalités lors de notre arrivée. Il faut se rendre à pied au port, près des silos à grain que l'on peut apercevoir du mouillage, à l'ouest. Nous sommes surpris par la gentillesse, l'accueil, le sentiment de sécurité des lieux et la propreté. Mindelo est colorée, la musique est partout, les gens rayonnent par leurs sourires. Malgré cette première impression, nous savons qu'une grande pauvreté se dissimule derrière ce centre-ville fort sympathique qui ne reflète pas forcément l'ensemble de cet archipel au large du Sénégal.
Nous avons pu célébrer le jour de l’an à Mindelo. À minuit, les foules s'étaient rassemblées autour des feux d’artifice déclenchés tout près de l'entrée de la marina. Premier bain de foule dense de joyeux Cap-verdiens réunis pour célébrer la fin d'année. Au coup des premières secondes de 2020, certains ont poursuivis l'ancienne tradition de prendre un bain de minuit collectif! Une trentaine de personnes se sont alors lancées à l’eau dans l'euphorie du moment.
Apparemment, les gens sont restés dans les rues à danser et chanter jusqu'aux petites heures du matin.
Quelques jours après notre arrivée, L'Harmattan est littéralement venu enrober l'Alchimiste d'une couche de poussière et de sable du Sahara. L'Harmattan est un vent venu directement d'Afrique. Ce sable orange et dense s'installe sur nous tel un filtre opaque, un voile poussiéreux qui dépose forcément sur l'Alchimiste. Ce nuage lourd et chaud nous enveloppera pour plusieurs jours, accompagnés de vents soutenus. Préalable au départ, un grand nettoyage nous attendra pour libérer l'Alchimiste de ce sable qui s'incruste insidieusement dans l'accastillage ainsi que dans nos vêtements au séchage sur la corde à linge.
La cachupa, un met national. Cette fois, cette variation est constituée principalement de pois chiche érigés. |
Petite pause au beach bar avec Zoé et Uma du voilier Zoma que l'on retrouve à Mindelo. Ils étaient partis plus tôt que nous vers Sal, une autre ile de l'archipel du Cap-Vert. |
Notre passage au Cap-Vert est pour nous un des moments forts de notre voyage même si nous aurions souhaité explorer d'avantage les autres iles. Premièrement, il y a l'esprit unique des locaux, no stress, mais aussi ce trait particulier des navigateurs offshore de passage. Il faut savoir que le Cap-Vert représente une escale de prédilection pour tout marin en route vers la transat. Cet arrêt permet de diminuer la période sans interruption en mer mais surtout, d'aller chercher les alizés plus établis vers l'ouest à cette lattitude au lieu de tracer directement à partir des Canaries.
Au ponton flottant avec nos 3 équipiers du passage Canaries- Cap-Vert. |
Le bar du ponton flottant à la marina détenait un puissant pouvoir d'attraction sur la plupart des navigateurs de passage, surtout avec ses vues sur couchers de soleil. Pendant notre séjour, on y aura passé d'innombrables apéros, la cuisine étant d'ailleurs bien bonne aussi avec ses burgers, ailes de poulets BBQ piquantes et autres "finger food". On dirait même que la bière blonde locale n'étanchait jamais la soif, du coup, de large quantité étaient nécessaires.
On s'était dit que le Cap-Vert serait l'endroit où on tenterait de baisser la to-do list pour les travaux d'entretien et de réparation. Elle se rallongeait d'ailleurs de semaine en semaine. Ensuite, vint la wish list d'Annik. Gestion des priorités à prévoir !!! Pendant ces trois semaines, on s'est surtout affairé à éliminer le plus d'items possibles sur les 2 listes. Tandis qu'Annik continuait de faire l’école, François s'attaquait aux deux listes, un élément à la fois. Notre temps au Cap-vert fut majoritairement consacré à cela.
Pour commencer, François a passé quelques jours à gratter les coques à travers les courants et le vent constant à 25 noeud. 3 jours à retirer les cheveux d'algues et les coquillages sur les deux coques. Nous avons même appelé en renfort nos anciens équipiers qui étaient toujours à la recherche d'une embarcation pour la transat auprès des autres navigateurs. Ils nous ont aidé en échange d'un bon repas chaud et quelques bonnes bières.
Sous la coque des catamarans Lagoon, on retrouve de petite bagues en inox pour y attacher des sangles dans les cas extrêmes où les coques se seraient retournées. Elles ont bien servis pour le grattage. Ce fut tout de même sportif. Retirer toutes ces salissures était imperatif pour gagner de la potentielle vitesse lors de la transat.
Nous avons également:
Nous avons également:
- Retiré la moisissure des rideaux
- Refait le silicon de plusieurs wc
- Fait le service de mes 2 moteurs puis un bon nettoyage des cales des compartiments moteurs
- Vérifié les drisses
- Débloqué l'une des 4 toilettes électriques
- Fait l'entretien du watermaker et changé les pré-filtres
-etc...
Plage de Sao Pedro |
De retour de Sao Pedro, plusieurs épaves jonchent la baie de Mindelo. |
Les approvisionnements de produits frais qui prennent le ferry vers Mindelo. |
En route pour l'exploration de l'ile de Sao Antao avec les amis de Zoma.
Strike a pose. |
Décor de Jurassic Park |
Théo le romantique |
Arrivés à Santo Antao, un mini-van nous attendait à la sortie du port pour faire le tour de l'ile (80 euros/jours pour 14 passagers). Un parcours magnifique, avec un arrêt inoubliable chez l'habitant pour manger un buffet de cachupa (spécialité locale à base de légumineuses et mas, voir recettes), poisson, bananes cuites, patates douces. On a également pu se délecter de fruits exotiques locaux et terminer avec une dégustation de grogue (rhum local). Le soir venu, nous arrivons à la Green Place, à Coculi. Un havre de paix, des appartement neufs, au coeurs des montagnes. Un moment de répit pour tous, une troisième et quatrième nuit auraient été appréciées. L’endroit était calme et loin de tout. Pas de voiture, ni de route. Le matin, nous entendions les coqs ! Nos hôtes étaient très sympathiques. Le jardin remplis d'arbres fruitiers exotiques.
Le lendemain matin une randonnée de plus de 12km nous attend. On nous amène vers le cratère Cova, au sommet de la vallée de Paul pour un hike extraordinaire, descente seulement puisque c'est corsée tout de même pour les petites jambes de nos moussaillons. Cette rando devait normalement durer environ 3 heures mais qui s’est avérée plutôt être de 4h30.
Quel bonheur de marcher à travers les plantations de patates douces, de bananes, de cannes à sucre, de café, de goyaves dominés par les majestueux arbres à jack fruit le long de ces petits sentiers nous rappelant le Népal. Un autre repas organisé par Viston nous attend chez l'habitant. Succulent. Nous arrêtons également à une distillerie/mini-musée pour déguster d'autres grogues locaux. On en profite pour acheter de la vraie mélasse artisanale, du vrai « miel de canne » et une grogue à base de café. Le lendemain matin, tous avaient un symptôme en commun de grand mal au postérieur! Nous ne sommes plus habitués à marcher de si grandes distances, étant marins à temps plein désormais.
Au dernier jour, on nous ramène vers le ferry en suivant la route cotière par l'est de l'ile. Spectaculaire!
On nous avait dit que la dernière pluie que Mindelo avait reçu remontait à 2018. Or, un miracle survient le 14 janvier. Une pluie timide se déverse tout doucement sur la baie pour déverser quelques litres, juste assez pour ternir le boulot de lavage des derniers jours puisque la saleté du haut a descendu vers le bas!!!
La tour de Belem, juste à coté du marché de poisson au port. |
2-3 jours avant le départ, nous récupérer Jo, un ami d'enfance de François qui se joindra à nous pour la transat. En en profite également pour faire le tour de l'ile de Sao Vicente par Calhau, Praia Grande and Salamansa, réputé spot de Kite.
Finalement, nous terminons les approvisionnements et derniers préparatifs avant le grand départ. Nous confirmons ce que d'autres nous avaient dit, il vaut mieux s'approvisionner aux Canaries. Les denrées de tout genre sont beaucoup moins variées et disponibles dans les Fragatas (bannière locale) et dans les marchés qu'à Las Palmas. Moins disponibles et beaucoup plus chers. On a alors fait le plein de légumes, de viandes, de yogourt non-périssable sous-vide sans besoin de réfrigération. Finalement, le classique régime de bananes de 13 kg à susprendre dans le cockpit.
Le marché central |
CONSEIL POUR LES PÊCHEURS. Il y a réellement que 2 endroits où on peut s'approvisionner correctement en jet-siffleur, rapala et autres leurres à Mindelo; un secret bien gardé.
Le premier s'appelle Dokka, au club de pêche tout près du port mais seulement d'immenses jet-siffleur y sont vendus.
L'autre endroit est pour les connaisseurs. Il s'agit d'un petit bar nommé chez SONI. Il faut cogner à la porte, il vous laissera entrer derrière dans sa caverne d'Ali Baba pour pêcheurs. Il vous conseillera et vous racontera des histoires inspirantes. Il vend toutes sortes de leurres déjà montés pour des prix variant de 20 à 40 euros. Notre Théo était bien heureux de l'avoir trouvé afin de s'armer davantage pour la transat.
La veille, nous fêtons au Grill avec l'équipage de Zoma. Mets locaux, filets mignons, musique, 40 bières et du Grogue viendront agrémenter la soirée. Nous sommes prêts, plus qu'un dernier burger au ponton flottant, une petite bière pour la route et hop, le compte à rebours est lancé.
Quelques minutes avant le départ, François réussit à récupérer les nouveaux t-shirt aux couleurs de l'Alchimiste; source de fierté pour l'équipage !
Nous sommes le 16 janvier, il est 14h, on lève l'ancre et on rejoint Zoma qui vient de remplir ses réservoir. Nous levons les voiles en même temps dans la baie de Mindelo vers de nouveaux horizons. Une grande aventure nous attend, celle de traverser un océan en famille.
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