Les Canaries, beautés ardentes (2/2)

7.1.20

Gran Canaria, 4 décembre au 19 décembre 

Nous quittons le mouillage de Morre Jable, sur Fuerteventura, tot le matin. Il est 4h. Nous partons avant les aurores pour sécuriser une arrivée de jour au mouillage du grand port de Las Palmas et s'éviter un vent qui tournera ouest, donc de face, en fin de parcours. Malheureusement, on se le prend tout de même au visage vers la fin, les 14 derniers miles étant éternels !

Pratique ce dinghy dock. 

Le port de Las Palmas n'est pas particulièrement pittoresque mais bien protégé. Il donne surtout accès à tout plein de services et produits nautiques pour une dernière escale technique et ravitaillement avant un grand départ. Le mouillage pour voilier près de la marina est encore assez plein. Paraitrait-il même que la marina elle-même soit complète avec une liste d'attente de 25 bateaux. Surprenant quand même, sachant que 2 semaines auparavant, celle-ci hébergeait les 300 voiliers du Atlantic Rally for Cruisers (ARC 2019) L'achalandage y est donc encore important. 

La marina charge quelques euros pour le mouillage. Une première pour nous, car normalement les mouillages à l'ancre sont toujours gratuit sauf dans les réserves et parc nationaux ainsi que lorsqu'on se prend une bouée. Par contre, le quai à dinghy est gratuit et bien situé, près du shipchandler très bien stocké, des épiceries et des zones d'intérêt. Un zodiac de la marina patrouille à chaque jour pour controler et surveiller. Les douanes sont à même les bureaux de la capitainerie, pratique. Nous en profiterons pour faire notre clearance "in" et "out" des Canaries. À la marina Lanzarote, c'était loin et compliqué. Nous sommes maintenant tranquille en ce qui a trait à la fameuse règle du 90 jours en territoire Schengen que nous devons respecter comme canadiens. Les autorités canariennes sont chill avec tout ça. On l'avait lu sur des blogues et forums en ligne. On confirme. 

Un lutin croisé au centre commercial Corte Ingles. 
Retour à la civilisation citadine. On en profite pour aller déambuler dans les rues afin de s'imprégner un peu de l'ambiance des fêtes. Quoique, c'est quand même bien de rester loin cette frénésie commerciale, de cette orgie de consommation et des clichés de Noel. Pas grave, les enfants apprécient tout de même cette magie crée par ces jeux de lumières, la musique, l'ambiance. 

Rue piétonne et marchande au centre de Las Palmas, vers la vieille vielle
Mélaine, de Zoma, nous guide vers une petite ruelle pour rejoindre La Brava, un p'tit pub fort sympathique où on peut retrouver des dizaines de bières artisanales de partout dans le monde. On recommende vivement.

À défaut d'avoir des sapins de Noel. 
Après ces petits moments de détente et de nettoyage de l'Alchimiste, on commence à se préparer pour la grande traversée en stockant à fond tout ce qui est inventaire sec. Annik et les jeunes passent quelques heures à arpenter les allées du HiperDino et se présentent aux caisses avec 6 paniers bondés. Ce qui se traduira par un transport de 16 boites livrées par le magasin directement au dinghy dock de la marina. Apparamment, ce Hiperdino à proximité a l'habitude de ces courses démesurées. Ils savent que les marins remplissent les cales. Une vieille habitude sur ce port, point de départ de voyages et missions d'explorations vers le nouveau monde depuis des siècles déjà. 





Après avoir résolu le puzzle de faire entrer le contenu de ces 16 boites à bord, la vie et l'école poursuivent leur cours dans l'attente de nos deux premiers invités à bord, Stéphane et Sabrina. On se fait plaisir et on se permet une POUTINE au menu à bord avec l'une des enveloppes St-Hubert qu'il nous reste.

Les enfants exploitent à fond les jeux que nous avons à bord. Theo et Naomi sont heureux d'avoir enfin appris à jouer au Pokémon. Théo a une collection volumineuse de cartes de ce phénomène. 



Durant cette pause immobile, une compétition internationale de calibre olympique se déroule autour de nous. Des duos de partout voguent et régatent sur des dériveurs de toutes sortes. 49er, 420, lasers, il y en a pour tous les gouts. Les vents sont forts mais la baie protège de la houle. Ils accélèrent et passent à quelques mètres de nous tel une cavalerie qui fend l'air sur l'eau. Un beau spectacle aux premières loges, non sans rappeler les jeunes années de François à l'époque où il était instructeur de voile sur ces petites embarcations très réactives et sportives sur le fleuve St-Laurent pendant les étés 90. 



Juste avant d'accueillir Sabrina et Stéphane, des amis québécois nous rejoignant pour une semaine, nous recevons à bord Nicolas, notre futur équipier qu'Annik avait rencontré sur le ponton d'Arrecife. Il cherchait une embarcation pour traverser. Nous avions gardé son contact. Nous lui demandons s'il connait une fille, qui pourraient venir avec nous aussi, question d'équilibrer les genres à bord. Il répond par la positive et vient nous rejoindre au dinghy dock accompagné de Marianne, une française à la recherche d'une embarcation. L'après-midi à bord ensemble autour d'une bière est fructueuse. Un accord mutuel nous permet de conclure que nous les prendrons à partir de Ténérife dans une semaine. Thomas, un ami de Nicolas, se joindra également à l'équipage pour le passage Canaries-Cap Vert. 

Enfin, on récupère Sabrina et Stéphane au dinghy dock avec leur backpacks. On décide de l'itinéraire ensemble car la semaine passera rapidement. Ils redécolleront de Las Palmas. On laisse tomber l'idée de traverser du coté de Ténérife avec eux considérant la météo et la distance à parcourir. 

Au programme, une petite visite de la maison de Christophe Colomb s'impose. Il s'agit d'un musée à la mémoire du célèbre navigateur qui est passé par ici sur son voyage de 1492. Plusieurs répliques de galéon et autres pièces d'époques y figurent. On y dit même que le crucifix exposé viendrait d''un des trois navires de Colomb. On arrive un peu tard, 1 heure avant la fermeture mais coup de bole, les dimanches sont gratuits !

Naomi avec des habitants de la place.
L'opulence des lieux rapellent tout de même la vie précédente de cette demeure qui fut celui de gouverneurs de la région pendant quelques siècles.




Il aura fallu attendre tout ce temps depuis la Costa del Sol pour prendre notre première Paella, au resto La Marea, en front de mer, sur notre chemin du retour vers la marina en compagnie de nos invités ! Excellente et à cout raisonnable. 


Prendre la mer et s'amariner prend quelques temps. Même si la météo était plutot clémente, une houle de travers nous a accompagné lors de notre sortie du port vers le sud par la cote est de l'ile de Gran Canaria. Les teintes de Sabrina et Stéphane passent au vert. Ça souffle bien à 20 noeuds et nous décidons de mouiller à Bahia de Formas, 27­­­­d50`N 15d24`W. Spot ordinaire en terme de paysage avec des dizaines d'éoliennes qui indiquent bien que nous sommes sur une zone d'accélération de vents. La tenue est bonne dans un fond de sable mais très rouleur. 


Le lendemain, direction Pasito Blanco, un mouillage bien protégé au sud, tout près de la marina. Nous pourrons aller explorer les dunes de Maspalomas. Les températures se réchauffent et nous arrivons en territoire tourisme de masse avec de nombreux resorts où affluent des milliers d'européens en quête de chaleur. Surprenant tout de même, pas un nuage. Tandis que de l'autre coté, à Las Palmas, le ciel est couvert et la température beaucoup plus froide. Pourtant, nous ne sommes qu'à quelques kilomètres. 


Le québécois d'hiver typique, en quête de soleil. 
Le site des dunes de Playa del Inglés est à 45 minutes de la playa de la Meloneras car passer par Pasito Blanco est un large détour à pied. Le lendemain, François ira louer une voiture à Playa del Inglés. En taxi, il faut compte environ 5 euros pour rejoindre la marina de Pasito Blanco. À noter, le dealer Yanmar de l'ile y tient son atelier. C'est là que nous achèterons le stock de pièces Yanmar pour l'entretien et changement d'huile de nos deux moteurs. On prévoit faire ce service des moteurs lorsque nous serons au Cap-Vert. Le no du rep. Yanmar # Whatsapp: +34 608 70 14 77


Quand même fascinant ces dunes dignes du Sahara qui longent la cote ici. Certaines légendes urbaines disent qu'il s'agit en fait de sable qui venu d'Afrique qui s'est accumulé ici depuis des siècles.




On y retrouve tout de même des cages à poules en rangée. Beaucoup de développements domicilaires pour résidences secondaires, principalement occupé par des populations du 3e age et une communauté gaie. 


Avec la voiture en location à 30 euros par jour, on s'en va explorer l'ile, surtout au centre et en altitude. C'est le petit hike de Roque Nubio qui nous interpelle le plus. À voir absolument. Magnifique paysage qui nous permet de voir jusqu'à la mer presque à 360 degrés au loin, à travers les pics montagneux. Nous apercevons également le Teide et son sommet enneigé à 3700 m, de l'autre coté de la passe, sur Ténérife.






Pico de los nieves est également un point de vue tout en hauteur qui en vaut la peine.


Sur la descente, nous voyons clairement le contraste entre le nord de l'ile plafonné par de grosses boules de coton nuageuses tandis qu'au sud, le ciel bleu. Nous sillonons les routes en effectuant des virages à 180 degrés à répétition, cotoyant cratères de volcans, cactus, pins et palmiers en l'espace d'une même heure. 




Nous continuons la navigation cotière par le sud. On y voit une grandeur nature mais aussi des chaines de resorts massifs à flanc de falaise. Nous mouillons à Punta de la Vega, devant le grand resort de Anfi. Ça le fait, pas rouleur du tout et accès à la plage en paddle.


Le lendemain, quelques dizaines de minutes de navigation nous amène à notre prochain mouillage, situé juste après la plage touristique de Amadores. Au menu, foot sur la plage, danse sur musique live du beach bar Pio Pio et détente avec la bière au bec pour le coucher de soleil.

Strike the pose !



On passera notre dernière journée sur Gran Canaria à Porto Mogan, un coup de coeur. Non, seulement les falaises sont encore plus à couper le souffle mais la petite bourgade enclavée dans les pics rocheux n'est pas surnommé la p'tite Venise des Canaries pour rien. 



On tombe sous le charme dès notre arrivée à la marina qui est quadrillée de petits canaux qui traversent le vieux quartier très bien entretenu de ce petit village de pêcheurs d'autrefois. Tombé également sous la mire de la manne touristique, la bourgade a réussi à garder un cachet unique avec une personnalité qui lui est propre, les autorités ayant limité les constructions à 2 étages maximum. 



Dernière soirée à bord pour Sabrina et Stéphane. On succombe aux désirs des enfants de sortir les décorations de Noel. Poinsettia, chapeau de lutin, guirlande, sapin de Noel, musique de Noel. Tout y passe.




On ira reconduire nos deux joyeux lurons le lendemain matin à Porto Mogan afin qu'ils puissent retourner à Las Palmas reprendre leur avion pour un retour dans la froidure du Québec.

Voici un petit clip monté par Stéphane résumant leur semaine à bord.



La Gomera, du 15 au 19 décembre

Tel que convenu avec nos futurs équipiers, nous faisons route vers La Gomera mais en arrêtant sur Tenerife pour les récupérer directement sur la plage. On y arrive donc le 15 au coucher de soleil avec un grand voilier de type Schooner qui nous offre un scène à 1000 balles. 

Nous visons le mouillage La Puntilla au sud protégé NE. Mais on se rend vite compte que c'est très rouleur. Heureusement, le fond tient bien, aucun souci, très sablonneux. Encore beaucoup de kitesurfers et de nudistes qui se cotoient sur la plage. Nous voyons le sommet du Teide. Nous restons une nuit de plus car les vents annoncés pour traverser du coté de la Gomera sont forts, + de 30-35 noeuds.


La Gomera représente une bouffée de fraicheur et de verdure. Un oasis dans cet univers de roc, de montagnes et de volcans. Avant d'aller explorer via la marina, nous allons poser l'ancre dans l'anse juste au sud. Encore une fois, une très bonne tenue, pas de retour de houle. il faut aussi dire qu'un anticyclone vient de s'intaller au-dessus de l'archipel pour les prochains jours. Nous sommes seuls au monde. Sauf cet habitant sur la plage qui s'est constuit un abri de fortune. D'ailleurs, on se rend compte que le camping sauvage sur les plages ici est fréquent et toléré. 


Une fois arrivé à la marina, l'ambiance de Noel nous rattrape. Des centaines de lutins dansent et chantent sous le toit d'un pavillon au centre de la petite ville de San Sebastian. Nous laissons notre monture à la marina pour aller explorer l'ile. Une marina de qualité d'ailleurs. Service courtois par les marineros, un accueil chaleureux en français à la capitainerie, des WC propres et bien entrenues, un tarif décent. 


Explorer la Gomera permet de passer d'une merveille à l'autre en quelques instants. Le parc national de Garajonay est un incontournable. Sa végétation tropicale luxuriante, ses forêts anciennes de lauriers qui couvrent 70 % du parc, ses vallées verdoyantes sont en total contraste avec tout ce que nous avons vu sur les autres iles jusqu'à maintenant. Un coup de coeur pour nous. Ce parc fait partie du patrimoine mondial de l'humanité désigné par l'UNESCO, et avec raison.

On sent constamment l'humidité dans l'air. Les différentes sources d'eau qui alimentent les cours d'eau vaporisent l'eau qui s'accrochent partout, abreuvant tout sur son passage. On dit que ces micro-climats ont permis le maintient d'une végétation qui s'apparente à ce que l'on trouvait à l'ère tertiaire, complètement disparue d'Europe à cause des changements climatiques. 


Dans le parc, des dizaines de randos et de pistes s'offrent aux explorateurs. Nous choississons de descendre par une route pavé mystérieux qui semble sortir tout droit d'un film d'Indiana Jones. Objectif rando : la Meseta de Hermigua. Conseil, ne pas descendre trop loin au risque de se retrouver dans la vallée voisine.  






On se fixe comme objectif de retrouver la "Chorro" près du village del Cedro. Eh ben, on l'aura cherché longtemps cette fameuse chute de 200m. Il y a tellement de sentiers partout qu'on y perd notre latin à force de tenter de déchiffrer les panneaux; seule lacune du parc. Des indications très approximatives, sans logique constante nous causent des démangeaisons.. Un petit travail d'uniformisation serait à privilégier pour aider le randonneur à se retrouver.


On traverse les élevages de poules, de canards et de moutons afin d'arriver finalement à notre Chorro !




De retour sur la route pavée, les jeux de lumières à travers cette forêt de lauriers nous captivent. Le lichen qui s'y accrochent ajoutent une touche de mystique.




On se dirige vers la Vallée Del Rey en sillonant les crêtes de l'ile. 



De retour au bateau, les préparatifs pour le passage vers le Cap-Vert battent leur plein. Les gars aident au nettoyage du bateau, profitant ainsi de l'eau douce à volonté fournie par la marina. Annik et les filles s'approvisionnent en produits frais. La fenêtre météo est bonne, nous aurons des vents favorables réguliers, pas de gros temps prévu. 

Juste avant de partir, photo des fêtes ! C'est aussi la fête à bord. On sent une certaine nervosité dans l'air. Tout l'équipage est pimpant. Nous partons pour le Cap-Vert, destination africaine. Nous quittons l'Europe pour de bon. 


Aurevoir La Gomera, une ile à découvrir absolument.

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